La dynastie
des
De 1600 à
1864
Famille de
peintres et miniaturistes à Lille et Versailles
Lors du
rattachement de Lille à
Dès 1680, et
pendant plus d'un siècle, les Van Blarenberghe donnent l'exemple d'une dynastie
familiale, comme les Parrocel ou les Vernet à Avignon.
Ils vont connaître leur notoriété par la venue d'un de leurs membres à Paris.
http://www.decroixvaucottes.com « Les annales humaines se composent
de beaucoup de fables mêlées à quelques vérités : quiconque est voué à l'avenir
a au fond de sa vie un roman, pour donner naissance à la légende, mirage de
l'histoire. » [Alphonse de Châteaubriand]
Il était une fois une famille très chrétienne, répandue dans les Flandres,
mais restée solidaire au cours de cette expansion, jusqu’à nos jours. Son nom
est Ente. Le plus ancien que nous connaissions fut François, qui épousa, en
1523 Catarina Bolles. Nous savons que leur lieu de résidence était Nieuwkerke,
en Flandre occidentale, car leur fille Maria y épousa trois maris. A vrai dire,
le deuxième élu périt à Frankenthal. Ceci est assez étrange, car cette ville du
Palatinat n’est pas seulement connue pour le bon vin du Rhin ou de la Moselle
que l’on peut y déguster en choquant son verre à celui du voisin, avec un
joyeux « Zum Wohl ! ». C’est aussi la patrie de deux grands esprits qui ont
révolutionné le monde : Gütenberg et Karl Marx. Mais, à l’époque où nous nous
situons, Frankenthal fut avant tout un des centres les plus exacerbés de la
Réforme et un refuge pour les protestants de nos contrées au moment des guerres
de religion. Ce fut un des exploits de Louis XV de massacrer la totalité de la
population au nom de son Dieu de bonté.
Comme ces guerres ont eu une influence importante sur l’histoire que je
vous conte, il faut nous y attarder un instant. Le début du 16ème siècle connut
la révolte de Luther contre cette manœuvre assez ignoble de l’Église, qui
remettait les péchés des fidèles contre espèces sonnantes. Ce fut ce qu’on
appela le ‘trafic des indulgences’. Luther soutenait que Dieu seul pouvait
pardonner et qu’il n’était pas admissible que le Pape se prenne pour Dieu et en
profite pour s’enrichir. Cette contestation fit tache d’huile et il en résulta
la Réforme et la création d’une constellation de sectes protestantes. Les
Pays-Bas furent particulièrement séduits par les nouvelles doctrines venues
d’Allemagne, qui ne tardèrent pas à se répandre en France, par l’entremise de
Calvin. La répression ne pouvait manquer au sanglant palmarès de l’Église
Catholique. En France, on le sait, il y eut huit ou neuf ‘Guerres de Religion’,
qui consistaient en massacres de populations entières au nom de la Foi. Mais,
aux Pays-Bas, ce fut encore pire. Philippe II d’Espagne, fils de Charles Quint,
le Gantois, dépêcha dans sa province du Nord l’abominable duc d’Albe. Ce
dernier réussit à maintenir au sein de l’Église la partie sud du pays, en
assassinant tous les opposants. Ce fut une marée de sang. Seules les provinces
du Nord résistèrent en s’unissant sous le commandement du stathouder Guillaume
d’Orange, dit ‘Le Taciturne’. Cette expédition fut si révoltante que Philippe
II finit par rappeler le duc, en 1578, et le bannit. À vrai dire pas pour
longtemps, car il jugea le duc apte à renouveler ses exploits au Portugal deux
ans plus tard. Le gouvernement des Pays-Bas, fut confié un moment à don Juan
d’Autriche, puis à un pâle Luis de Requesens, et échut enfin à Alexandre
Farnèse.
Cette parenthèse m’a permis d’installer le décor dans lequel mes
personnages vont évoluer. Vous aurez compris comment une fille de la Flandre
Occidentale pouvait se trouver réfugiée à Frankenthal, en Rhénanie, en suivant
l’élu de son cœur qui avait opté pour la réforme.
Mais notre François Ente, marié au début de la tourmente, eut aussi un fils
François, qui eut un fils François, qui fut le père de Christine, née en 1587.
Ainsi, cette famille bourgeoise évolua-t-elle dans le ronron de la petite ville
de Nieuwkerke, située un moment à l’abri des tueries. Mais ce coin de Flandre
recueillit entre-temps son contingent de réfugiés et c’est par l’un d’eux que
la petite Christine [Kristineke] entreprit de créer notre lignée.
Coolen est un patronyme des provinces du nord qui s’incrustèrent dans le
protestantisme. Beaucoup des membres de cette famille se consacrèrent au métier
de batelier. N’oublions pas que ce pays est constitué du delta de trois fleuves
qui furent très tôt reliés par une dense structure de canaux, entre lesquels
tournèrent des moulins à vent. C’est cet entrelacement de cours d’eau qui
protégea l’existence de ce peuple contre les chercheurs de frontières
naturelles. Car on sait que les Néerlandais sont les plus piètres guerriers de
la planète. Dans les conflits d’autrefois, plutôt que de se battre, ils
s’enfermaient dans les villes jusqu’à en crever, tentant de lasser les
assaillants. Ceci dit, ils furent toujours les rois des eaux, douces ou salées,
tant qu’il n’y avait pas bataille. Ce sont ces marins qui constituèrent le clan
des Gueux, qui s’allièrent à Guillaume d’Orange.
Abram Coolen appartenait, comme son prénom biblique le montre, à cette
famille protestante. Batelier perdu dans la région de la Lys, coupé de ses
arrières par la guerre, il séjourna à Nieuwkerke et, comme il avait un
caractère égrillard, il séduisit et épousa une bourgeoise du lieu, Marie
Dezoutere, en 1596, puis Marie Zwijnghedaus en 1598. Nul ne sait comment il
s’en est débarrassé, chaque fois après un an. Toujours est-il qu’en 1600, il se
trouva dans l’obligation d’épouser la petite Christine Ente qu’il avait violée
à l’âge de 11 ou 12 ans et qui était prête à accoucher. Il trouva bon de
conserver cette épouse-ci et lui fit 5 enfants. Deux filles devinrent nonnes et
un garçon se fit capucin. Cela traduit bien la dévotion étroite qui
caractérisait la famille Ente. On se demande si ces rejetons d’une mère-enfant
n’ont pas voulu expier la faute des parents. Mais, à chenapan, chenapan et demi
: un deuxième fils finit ses jours au bagne des Indes Orientales. C’est la
troisième fille qui nous intéresse : Marie, tout simplement. Vertueuse, mais
pas insensible au charme masculin, Marie Coolen naquit en 1609 et nous la
mettrons en réserve, car elle fut notre ancêtre.
Entre-temps, les choses se sont gâtées dans ces Pays-Bas espagnols. Une
trêve, que l’on appelle la ‘Pacification de Gand’ avait été conclue grâce au
Taciturne [Willem de Zwijger], permettant aux catholiques et aux protestants de
célébrer leurs cultes et de vivre en paix. Malheureusement, on introduisit un
Français dans le coup, le duc d’Alençon, frère du Roi de France Henri III, à
qui on offrit le gouvernement. Il s’installa à Anvers où ses petits complots
finirent par agacer tout le monde et par inspirer à Farnèse, qui s’était
planqué près de Namur, le désir de reprendre les choses en main. Ses
mercenaires étaient des tueurs à gage qui baignaient dans le sang depuis 20
ans. Ils lancèrent des escarmouches dans les régions pacifiées et s’emparèrent,
en 1582, de la petite ville de Lierre, où ils massacrèrent une grande partie de
la population, sans distinction de religion. C’est ainsi que les armées de
l’époque se payaient par le pillage.
Je voudrais ici ouvrir une parenthèse de plus. Dans ces temps lointains,
les frontières, telles que nous les concevons n’existaient pas. Le monstrueux
nationalisme n’est né qu’au 19e siècle. Les Seigneurs régnaient sur leur fief,
divisé en baillages. Ils s’inféodaient à un suzerain, prince ou roi. Les
limites territoriales de leurs ‘terres’ étaient totalement aléatoires et
variables au cours du temps. Elles avaient plutôt les contours d’une pièce de
puzzle, avec de nombreux satellites. C’est pourquoi un seigneur pouvait avoir
une terre située en plein milieu des terres du voisin. Tout dépendait des
alliances et des héritages.
Ainsi, les vaillants assassins délégués par Philippe II pour réprimer la
Réforme dans ses terres des Pays-Bas, furent le très espagnol duc d’Albe, qui
remplaça à la gouvernance l’italienne Marguerite de Parme, née à Oudenaarde.
Puis vint Requesens, un Catalan. Ensuite, nous avons eu Don Juan d’Autriche, né
à Ratisbonne, en Bavière, qui céda la place à Alexandre Farnèse, né à
Saint-Vaast, près d’Arras, mais duc de Parme. Notez que plusieurs de ces
messieurs-dames étaient le fruit des spermatozoïdes de Charles-Quint, qui les
semait volontiers et qui, lui, était né à Gand. Et l’adversaire de tout ce beau
monde ? Guillaume d’Orange-Nassau. Son nom nous dit tout : la principauté
d’Orange est située dans le Midi de la France, près d’Avignon, et Nassau est en
Rhénanie où il est né. Il avait aussi des domaines aux Pays-Bas et vivait en
Espagne. Il fut nommé ‘Stathouder’ des Provinces Unies par Charles Quint. Ce
dernier, faut-il le rappeler, est issu du mariage de Philippe le Beau et Jeanne
de Castille, qui fut célébré à Lierre, mais oui ! C’était le beau temps où les
rois de France confiaient la gestion du pays à un Italien comme Mazarin ou à un
Suisse, comme Necker !
C’est au cours du sac de Lierre que la famille van Blarenberghe fut
décimée. Seuls survécurent deux petits garçons, Abram et Jean et leur mère
Pascaline. Ces derniers étaient sans doute en visite dans leur famille
malinoise, ce qui leur permit d’échapper à la mort et de se sauver vers la
marche française, pour pouvoir se mettre à l’abri en passant la ligne à la
première alerte. Ils aboutirent ainsi à Belle [Bailleul], petite ville flamande
où ils étaient assurés de pouvoir parler leur langue. Pascaline acheta une
maison et se consacra à y élever ses enfants dans la Foi réformée, qui avait
droit de cité à Bailleul.
Arrivé à l’âge adulte, Abram alla s’installer à Moerkerke, près de Gand, où
il épousa Jeanne Vincent et eut beaucoup d’enfants qui se disputèrent sur le
plan religieux, car certains acceptèrent de se tourner vers un papisme
opportuniste. Cette branche fut sans histoire et s’éteignit en douceur, en
tombant en quenouille.
Reste Jean van Blarenberghe. Il ne nous en faut pas plus. C’est l’histoire
de sa descendance qui nous intéresse. En 1600, il épousa une jeune fille de la
bourgeoisie de Bailleul, Suzanne Liebaert, dont le frère était médecin et le
père était peintre et doreur, d’après ses factures. Ce dernier fut à l’origine
de l’introduction de l’art dans cette famille. Sa délicate profession
consistait à orner les riches bâtiments et particulièrement les églises, et à
travailler avec les orfèvres et les carrossiers. C’est cette connivence avec le
voiturage qui décidera de nombreuses destinées familiales. Car si l’on n’a pas
toujours une église ou une pièce d’orfèvrerie à dorer, par contre la
carrosserie donnait du travail à l’année, en collaboration avec les peintres
d’armoiries ou d’ornements. Le doreur lui-même maniait volontiers le pinceau à
côté du touchau. Les riches faisaient dorer même le licou de leur cheval et ses
clochettes ou grelots. Et n’oublions pas que les livres aussi étaient dorés sur
tranche ou sur titre. Ce métier s’avérait extrêmement varié. Ainsi, les belles
dames du temps jadis faisaient travailler le doreur sur leurs vêtements ou leur
coiffure. La dorure sur bois et sur cuir, en particulier sur mobilier, était le
travail du quotidien et un art demandant un grand talent, apparenté à
l’enluminure qui, elle aussi faisait appel aux doreurs. Les peintres les
chargeaient de faire briller la couronne ou l’auréole d’un de leurs
personnages. Quant aux icônes, elles étaient en général totalement leur œuvre.
Mon incursion dans le domaine de la généalogie m’a montré que la plupart
des gens, même spécialisés, n’arrivaient que difficilement à s’intégrer dans
une époque reculée. Intoxiqués par l’odeur du pétrole, ils ont peine à entrer
dans une ville ancienne où dominaient deux parfums : la fumée de bois et le
crottin de cheval.
Mais revenons à Jean et Suzanne qui se mirent directement à l’ouvrage et
produisirent des enfants à la chaîne, comme cela se pratiquait alors. Il y eut
9 rejetons connus, dont le premier naquit 12 jours après le mariage. Ceci aussi
relève d’une coutume du temps. Rares étaient les mariages dont les élus
n’avaient pas fait Pâques avant les Rameaux. Ceci me pousse encore à une
réflexion. Allons, courage ! Faisons quelques pas en arrière et tâchons
d’assimiler l’esprit d’autrefois. Dans tous les ménages, le premier enfant
était celui dont l’ascendance paternelle était le plus douteuse. Les filles se
mariaient enceintes pour la plupart ou après un accouchement dont le fruit
était souvent mort, tout simplement parce qu’on lui avait tordu le cou. Il ne
nous faut pas être trop sévères dans nos jugements. Il faut au contraire tenter
de nous placer dans une famille de l’époque et d’observer la vie qui nous
entoure.
‡…Il est logique qu'un des crimes les plus gravement sanctionnés soit
l'avortement - bien qu'il soit aussi l'un des plus courants - avec
l'infanticide... L'époque invente l'obligation pour les femmes de déclarer leur
grossesse - déjà sous Henri II, qui rend en février 1566 un des édits les plus
terroristes de l'ancienne législation française dont voici un extrait :
"Etant dûment avertis d'un crime très énorme et exécrable fréquent en
notre royaume, qui est que plusieurs femmes ayant conçu enfants par moyens
deshonnêtes (...) déguisent, occultent et cachent leur grossesse (...) et
advenant le temps de leur part et délivrance de leur fruit, occultement s'en
délivrent, puis le suffoquent et meurtrissent (...) sans leur avoir fait
impartir le saint sacrement du Baptême,(il est décidé) que toute femme qui se
trouvera dûment atteinte et convaincue d'avoir celé et occulté, tant sa
grossesse que son enfantement sans avoir déclaré l'un ou l'autre (...) soit
telle femme tenue et réputée d'avoir homicidé son enfant, et pour réparation
punie de mort et dernier supplice." [D’après Séverine Auffret]…‡
L’espace de vie était plus qu’exigu ou souvent inexistant. Ceux qui
s’appellent Dufossé, Delfosse, Vandergracht ou Delrio descendent de ces gueux
que l’on nommait des ‘chemineaux’ et qui dormaient dans les fossés bordant les
routes. Mais ceux qui avaient le bonheur d’être couverts d’un toit ne
jouissaient, la plupart du temps, que d’une seule pièce, voire un galetas, où
vivaient trois générations. Les parents avaient souvent droit à un lit encastré
muni d’un rideau qui couvrait la vue des étreintes, mais non leur sonorité. En
dehors de ces moments de transports passionnés, ils prenaient quelques-uns de
leurs plus petits enfants dans leur lit, souvent au pied. Les autres et la
grand-mère survivante dormaient sur des paillasses, que l’on ramassait et
entassait dans le lit conjugal pour la journée. Les accouchements se passaient
en famille et sans pudeur inutile [Lavis d’un van Blarenberghe]. Parfois, il y
avait deux pièces et on entassait les enfants dans l’une d’elles. C’est là
qu’ils devenaient adultes, dans une promiscuité complète. On peut dire que
l’inceste était plutôt la règle qu’un accident.
Oui,
il faut se représenter tout cela et ne pas raisonner comme si
tous nos
anciens étaient de riches bourgeois ayant pignon sur rue. Les
bourgeois
eux-mêmes vivaient très généralement dans
des immeubles ‘de rapport’, très à
l’étroit. Quant aux paysans, qui formaient la grande
majorité de la population,
ils consacraient la place au bétail et au foin et vivaient en
tas.
Voilà pourquoi on peut affirmer qu’en ces temps, le premier enfant était le
plus douteux. Quand une fille se rendait compte qu’elle était enceinte, elle
couchait vite avec le fils du voisin pour lui endosser la paternité. Ou bien,
le voisin célibataire qui lui pinçait les fesses acceptait la situation.
Il faut rappeler ici que l’enfant tardif était souvent suspect, dans une
moindre mesure. Soit que la mère fraîchement ménopausée [avant 40 ans à
l’époque] se soit permis quelqu’écart tant qu’elle se sentait encore fraîche
et, dans l’excitation, ait pondu un œuf attardé, soit qu’une mère encore jeune
ait déclaré à son compte l’enfant clandestin de sa fillette. J’ai rencontré les
deux cas à l’époque contemporaine, mais je pense que la pilule aura permis, en
Occident, de mieux régler ces problèmes. Notez que si l’on fait de nos jours
moins d’enfants, ce n’est pas seulement parce que les femmes travaillent. Elles
l’ont toujours fait et durement. C’est surtout parce que la pilule rend les
petites fantaisies gratuites.
Parmi les mœurs sauvages de nos aïeux, il faut en rappeler d’autres. Quand
une épouse était fatiguée d’être toujours enceinte et constatait qu’il n’y
avait plus place pour un nouveau venu, elle faisait appel à la faiseuse
d’anges, qui était en général la sage-femme elle-même. Il y avait aussi les
bonnes herbes, les ‘simples’, plus dangereuses. Ces dernières pouvaient, à
l’occasion, résoudre le problème en supprimant le mari.
Celui qui dirait, en me lisant, que ce portrait est trop noir montrerait
ainsi son manque de culture. Il lui faudra lire les récits de l’époque. Ce fut
un temps où donner la vie ou la mort était de pratique quotidienne ; où le
poison était d’emploi banal, au point que les Papes eux-mêmes y avaient recours
; où la maladie n’avait pas de remède sérieux et les médecins tuaient plus
qu’ils ne guérissaient ; où les épidémies ou les famines décimaient la moitié
ou les trois quarts des habitants d’une région ; où les villes construites de
bois flambaient ; où les guerres continues se soldaient par des massacres
systématiques. La violence était banalisée comme elle commence à l’être de nos
jours.
Les mères célibataires qui ne trouvaient pas preneur avaient, dans
certaines villes, recours à la tourière qui recueillait, dans les couvents, les
nouveau-nés déposés dans le tourniquet. Mais dans les villes et les villages
gambadaient des bandes d’enfants abandonnés. Ils furent souvent les héros de la
littérature du temps. Il n’y eut pas qu’Uylenspiegel ou le petit Poucet.
Tout ceci pour donner un autre tableau de fond à la vie de nos personnages.
Soyez rassurés, je reviens à eux. Jean et Suzanne [un prénom biblique
non-usité chez les cathos] firent donc des enfants. Mais de quoi vivaient-ils ?
Il est évident que Jean entra dans l’entreprise de son beau-père et devint un
doreur travaillant beaucoup sur carrosse, en rapport constant avec les
constructeurs de véhicules, charrons, menuisiers, forgerons, charretiers. Son
beau-père avait un ami transporteur, Blaise van Ryssel, dont le fils, également
prénommé Blaise, fréquentait d’autant plus assidument Jean, devenu bourgeois de
Bailleul, qu’il était un peu amoureux de Suzanne. Puis Jean tomba malade et
mourut en 1614. Il n’avait pas quarante ans. Blaise, qui n’attendait que cette
occasion, épousa Suzanne en février 1615. Ils vécurent parmi les chevaux et fréquentèrent
tous les milieux qui en faisaient usage.
Au moment du deuxième mariage, Suzanne attendait son neuvième enfant. Il
est impossible de savoir qui, de Jean ou de Blaise en était le père, mais il
fut baptisé Jooris [Georges] van Blarenberghe, en 1615. Je crois
personnellement qu’il fut bien le fils de Jean, car il était porteur d’une tare
génétique rare, que l’on retrouve dans les autres branches de la famille, y
compris dans la descendance d’Abram, dont elle a précipité la disparition.
Cette tare est responsable, outre d’un nombre étonnant de naissances
gémellaires, d’une létalité considérable des portées simples ou doubles.
Jooris grandit entre deux influences complémentaires, celle de son
grand-père maternel au niveau de l’art et celle de son parâtre dans le domaine
de la traction chevaline. Il n’y a donc rien d’étonnant au fait qu’il ait été
attiré, dès l’enfance, par l’ornement des véhicules et qu’il ait fait de la
peinture des carrosses son métier. Au début, sans doute, n’a-t-il appris à peindre
des fioritures que dans le temps libre que lui laissait le charroi. Mais, avec
l’aide de son grand-père, il ne tarda pas à acquérir le tour de main du peintre
et à réaliser le dessin, à vrai dire fort simple, des armoiries sur les
portières. Il se fit ainsi une certaine réputation que, par erreur, une
tradition familiale attribue à sa descendance, alors que son fils a été accepté
à la maîtrise comme peintre et poursuivi en justice en tant que miniaturiste.
Un épisode de la vie de Jooris nous est connu. Cela se passe au décours de
la guerre de trente ans. Rassurez-vous, je n’ai pas l’intention de vous
raconter celle-ci. C’est si complexe que même les spécialistes s’y prennent les
pieds et je vous avoue que je n’y ai jamais rien compris. Pour ce qui nous intéresse,
alors que Louis XIII était en train de se pâmer en crachant ses poumons et que
Richelieu attendait sa dernière heure en baignant dans la diarrhée qui devait
l’emporter, ce dernier réussit, en 1639, à réunir une armée pour reconquérir
les villes du Nord, occupées par les Espagnols. Ceux-ci donnèrent l’ordre de
mobiliser tous les hommes valides pour défendre les Pays-Bas. De Bailleul, ils
exigèrent 4.000 hommes, plus que la population mâle. Jooris et son frère aîné
François furent mobilisés et, détail amusant, ils figurent plusieurs fois sur
les listes, pour faire nombre.
Mais qui était ce frère ? Je vous ai déjà donné un exemple du manque
d’imagination de l’époque qui menait à appeler François une kyrielle de
descendants. Ce fut le cas ici encore. Ce François, après avoir eu des jumeaux
et quelques autres morts en couches, eut un fils François, qui s’empressa de se
donner un fils François-Guillaume. Ce dernier, un brouillon, devint chanoine de
la cathédrale d’Ypres et se préoccupa de prouver son origine de petite noblesse
flamande en faisant enregistrer son écu. Si on en croit la tradition et les
documents, il fut le mêle-tout de la famille. Son frère et deux de ses sœurs
prirent également le voile ou la soutane. Seule Adrienne, la cadette, s’envoya
deux maris. Mais en plus de toutes ces saintes gens, il y eut trois grossesses
gémellaires successives et deux autres naissances, tous morts en couches.
Jean et Suzanne eurent un troisième enfant survivant, une fille, Ghislaine,
qui épousa un échevin issu de la haute bourgeoisie de Bailleul, le magistrat
Joos Deheere,. La nomenclature de leur descendance est mal établie, mais on ne
s’étonnera pas de constater que, sur huit enfants connus, on trouve, en
succession, trois Jacques, ce qui montre que la tare n’était pas absente. Quand
elle eut enterré son mari, Ghislaine, suivant la coutume, se remaria avec rien
moins que le Seigneur et Maître du lieu, Jean Cauwersijn. De ces deux mariages,
il lui échut de plantureux héritages dont le partage donna lieu à de furieuses
contestations, assez peu compréhensibles pour une intelligence contemporaine.
Ce fut son petit-neveu, le chanoine François-Guillaume qui mit le feu aux
poudres. Je vous ai dit qu’il était avide de notoriété, car il fréquentait la
haute bourgeoisie d’Ypres. Il fit donc enregistrer son blason, mais il lui
fallait aussi le nerf de la guerre pour garder son rang. Or, il avait un esprit
chicanier qui l’incita à procéder pendant des années, sous prétexte que des
biens vendus par un tuteur pour le compte d’autres héritiers n’avaient pas été
pris en compte à leur juste valeur. L’embrouille pour quelques doublons
d’Espagne.
Mais revenons à notre lignée, c’est à dire à Jooris. C’est dans sa
descendance que la malédiction des van Blarenberghe eut sa traduction la plus
tragique : une véritable hécatombe. Nous ne savons pas en quelles circonstances
il rencontra Marie Coolen, dont nous avons raconté l’origine plus haut. Elle
vivait à Nieuwkerke, très proche de Bailleul, dans une pieuse famille de
porte-soutanes. Le couvent ne l’avait pas tentée, mais peut-être y a-t-elle
préféré l’enseignement, car elle nous apparaît fort instruite, comme toute sa
fratrie. Je la vois très bien en institutrice, conservant sa vertu jusqu’à près
de trente ans. Née en 1609, elle épousa Jooris en 1637 et, chose exceptionnelle
pour ce temps, elle ne mit au monde son premier enfant que deux ans plus tard.
Elle manifesta son haut degré de culture en tenant un journal méticuleux de ses
grossesses et de ses échecs. Elle mit quinze enfants au monde, dont quatre
morts en couches et trois grossesses gémellaires également létales. Finalement,
il resta trois adultes valides, car une jeune fille fragile mourut à 17 ans et
une petite fille anormale, confiée à une institution charitable, mourut en bas
âge.
C’est vraisemblablement à l’instigation de Marie que Jooris et elle
entreprirent des recherches généalogiques en 1665, en se basant principalement
sur la visite des cimetières. Il faut se rappeler que Jooris était un enfant
posthume et, quoiqu’il ait entretenu des relations très suivies avec son frère
et sa sœur, il devait avoir le désir de retrouver ses assises génétiques. Il
avait 50 ans à l’époque et l’on peut penser que ses enfants l’ont encouragé et
aidé dans sa recherche. Ses garçons avaient 24 et 19 ans. C’est eux qui, plus
tard, toujours sous l’impulsion de leur mère, entreprirent de confier au
parchemin les premiers arbres généalogiques de la famille. Nous y reviendrons.
L’aîné des survivants, Jean-François, né en 1641, suivit un bon enseignement
sous l’impulsion de sa mère et se consacra au dessin et surtout à la
calligraphie. Il était d’un comportement exubérant, nous confie la spécialiste
de l’histoire de cette famille, Annie Delatte, et il prit rapidement un
ascendant protecteur sur son frère Henri, de cinq ans son cadet, handicapé,
dont le caractère était plutôt timide, voire renfermé. J’ajouterai que les
péripéties de la vie de ce couple incitent à penser que leur union fut intime.
Leur sœur Hélène est née en fin de série, en 1652. Elle fut gouvernante
dans un château, ce qui explique son mariage tardif, à près de 40 ans, avec un
membre de la petite aristocratie flamande, Pierre vande Sompel. Il n’est pas
certain qu’elle ait gardé son innocence jusque là, mais on ne lui connaît pas d’enfant.
Pierre et Hélène placèrent leurs économies en achetant une maison à
Fontainebleau, où ils s’établirent. Pierre appartenait à une famille de
juristes et sa pratique se situait à Paris.
Celui qui est dans notre lignée, c’est Henri. Dès l’enfance, il seconda son
père dans son art et s’avéra doué pour le fignolage des détails et la
représentation de personnages. Il fit son métier de la peinture et devint un
habile miniaturiste, le premier de la dynastie. Ce qu’il y a de désolant, est
que les personnages ornant un carrosse ou un mobilier ne peuvent qu’être
éphémères. Il ne doit rester que quelques bas de vitrines ou de secrétaires
datant de cette époque et il est douteux qu’ils portent une signature. De même,
les miniatures étaient généralement des portraits en médaillon, dont on connaît
le triste sort quand la personne représentée n’est plus reconnue. Certains
marchands spécialisés peuvent vous en vendre à la douzaine. Ces portraits sont
devenus anonymes et ont, de ce fait, perdu tout intérêt, hors le cadre doré.
Jooris mourut en 1670. Ses inséparables fils allèrent quérir fortune à
Lille. Bailleul était trop petit pour eux. Leurs débuts furent piteux. Ils
vivaient ensemble dans une chambrette donnant sur cour. Mais, Jean-François
trouva assez vite à s’employer comme écrivain public, alignant les belles
rondes et les fioritures et ornant les lettres de dessins suivant les vœux de
ses clients. Henri eut plus de mal à s’imposer. Il était surtout peintre sur
objets et travailla peut-être pour la faïencerie proche de son logis. Il donna
sans doute quelques leçons de dessin ou de peinture car, à ma connaissance,
pour obtenir la maîtrise qu’il a sollicitée et obtenue sous condition, il faut
déposer un chef d’oeuvre, tout le monde sait cela, mais il faut aussi justifier
du fait d’avoir eu un apprenti. C’est même le point principal. Et il est exigé
d’avoir été, soi-même, apprenti puis compagnon. C’est pourquoi les maîtres
étaient rares : en peinture, une vingtaine pour l’agglomération lilloise, alors
que les peintres y foisonnaient.
Si nous avons la certitude que notre artisan était suffisamment sûr de son
art pour postuler la maîtrise, nul n’a eu l’audace, jusqu’à présent, de lui
attribuer une œuvre. Sans doute n’a-t-il pas signé, en sorte que personne ne
connaît son style et ne se risquerait à lui prêter la réalisation d’une
quelconque œuvre anonyme. Il ne faut pas désespérer. Il suffirait peut-être
qu’un amateur éclairé se donne pour tâche d’enquêter sur les tableaux ou
miniatures traînant dans les quartiers de Lille, pour qu’une découverte soit
faite. Mais cela relève plutôt de l’archéologie. C’est pourtant ce que firent
Jal ou Quarré-Reybourbon, alors que les peintres van Blarenberghe avaient bel
et bien été enterrés par l’histoire. Avez-vous un demi-million d’Euros pour
vous payer une de leurs œuvres aujourd’hui ?
Vous trouverez plus loin une explication à propos des deux noms que j’ai
cités.
En 1677, Marie Coolen vint rejoindre ses fils et s’installa avec eux. La
conversation roula sur les origines de la famille. Marie avait apporté les
résultats de l’enquête de 1665 et suggéra de les compléter. Un premier tableau
fut établi, laissant des blancs pour les incertitudes et les ignorances. Il
était basé sur les documents et les souvenirs de Marie et faisait une large
place à sa progéniture. Il y eut dans celle-ci un décalage d’une année, qui
rendait la naissance d’Henri impossible, mais nul ne le remarqua.
L’abbé François-Guillaume, lors d’une visite à ses oncles, peut-être pour
leur annoncer son accession à la prêtrise, vit le travail des frères et
prétendit le compléter. Là où l’en-tête racontait la fuite des deux petits
garçons [Abram et Jean] de Lierre vers Bailleul, il barra ‘deux’ et écrivit
‘trois’ en marge et il fit ajouter une Catherine Blauwenberghe et sa
descendance très approximative, dans un coin perdu. Il avait trouvé cette
usurpatrice dans le relevé des bourgeois de la ville d’Ypres, où il officiait
comme diacre à la cathédrale. Elle avait épousé un Dewulf ou Deleu, il ne
savait plus exactement. En passant, il ajouta aussi le prénom d’un descendant
d’Abram van Blarenberghe : ‘Cornelis, si j’ai bonne mémoire’. Enfin, il veilla
à ce que sa dévote famille occupe une place importante, refoulant vers la
droite la descendance d’Henri. Ce premier tableau généalogique est, en majeure
partie, de la main d’Henri. Un nouveau tableau fut engagé, supprimant les
mort-nés, ce qui donna la place d’ajouter Catherine et de mettre la famille du
curé plus à l’aise. Ici, Henri commença par écrire le nom de son grand-père,
pour en faire partir les jambages vers les écussons des descendants. N’étant
pas sûr du prénom, il inscrivit ‘. . . . van blarenberghe’ tel qu’il signe
lui-même, d’une écriture ascendante, en sorte que, très curieusement, celui qui
a ajouté un en-tête, d’une tout autre écriture, a dû tasser son texte vers le
haut pour surmonter cette dérive.
Il
existe encore deux autres tableaux. L’un est visiblement un
brouillon
résultant de l’interrogatoire de Marie Coolen sur sa
propre ascendance,
évidemment réduite à son père et quelques
réminiscences des origines Ente de sa
mère. Elle y ajoute ce qu’elle sait de sa fratrie.
Étrangement, il apparaît à l’évidence
que la personne qui a rédigé ce texte n’est pas de
la famille, à considérer le
nombre d’erreurs d’orthographe des noms et, en particulier,
la tendance à
vouloir écrire obstinément ‘vande…’,
puis à barrer pour reprendre Coolen.
Peut-être le gendre Vande Sompel ? Ou une main mercenaire…
Car plus d’un est
appelé ‘le seigneur Untel’.
Un quatrième tableau, qui n’est détaillé que sur Marie Coolen, nous donne
l’arbre généalogique des Ente. Il est nettement postérieur aux autres, paraît
résulter des renseignements pris dans le précédent et pourrait être l’œuvre
d’une femme. Hélène ?
Il arriva un moment où Jean-François fut las de devoir courir partout pour
veiller sur son frère et l’entretenir. Il était probablement malade. La
tuberculose, cette tueuse lente, ravageait les villes à l’époque. Il décida de
marier Henri. Ce n’était pas facile, car ce dernier était un peu sot et
probablement difforme. C’est dans les milieux du cheval, qu’il continuait à
fréquenter, que Jean découvrit un sellier de Courtrai, Jules Verkampt, qui
n’arrivait pas à caser sa fille de 31 ans, Jaklenne, probablement pas belle non
plus. Le mariage eut lieu, amenant une jolie dot, le premier décembre 1690. Henri,
dans le contrat, fut déclaré marchand-peintre. Il avait 44 ans. Notons en
passant que ceux qui en font un simple « peintre de carrosse » commettent une
grossière erreur, car l’acceptation de sa demande de maîtrise et sa
reconnaissance en tant que miniaturiste en font un artiste au plein sens.
Jaklenne s’affaira immédiatement à se créer une postérité. Le 21 octobre 1691
naquit l’illustre Jacques-Guillaume. Et c’est ici que le doute s’introduit.
Car, dans la postérité de ce dernier, la malédiction qui signait la paternité
des van Blarenberghe a disparu. Il y a bien eu 10 mois entre le mariage et sa
naissance, mais ce n’est pas une garantie valable. Chaque chrétien a la faculté
d’ondoyer son enfant et de le faire baptiser quelque temps après, le certificat
de baptême faisant foi à l’époque. Les deux enfants suivants ne naquirent que 4
et 5 ans plus tard et étaient ratés. Si j’écrivais un roman, je vous
raconterais que Jaklenne, lasse de promener sa vertu, avait cédé à l’amour d’un
homme qui ne pouvait l’épouser [pourquoi pas son père ?]. Dans son inquiétude,
son père lui acheta précipitamment un mari de convention, portant son choix sur
un être un peu monstrueux et fruste, mais de bonne composition. Après le
premier enfant, issu de l’amour, elle ne céda à son triste époux que quatre ans
plus tard, pour se heurter à la tare des van Blarenberghe. Un épisode amusant
et qui conforte mes suppositions est que, alors que le prix d’achat du mari
était convenu devant notaire, ce dernier fut sorti du lit à la première heure
le jour des noces pour établir un avenant reprenant les apports de Henri à la
communauté, tout à fait insignifiants, car il n’avait que ses pinceaux. Il
semble évident que les femmes ont fait une histoire parce que le « traité »
s’apparentait trop évidemment à un achat de mari. Il fallait une contrepartie,
fût-elle virtuelle.
Enfin, Jaklenne mit au monde, le 21/09/1697, Marie-Claire Hélène.
Nous devrons certainement nous intéresser quelque peu au curriculum de
cette dernière. Je le fais sur la pointe des pieds. Sa mère Jaklenne mourut en
1710 et son père Henri suivit celle-ci rapidement dans la tombe, en 1712.
Marie-Claire avait 15 ans et son frère 21. Ce dernier, quoique mineur, la
majorité étant fixée à 25 ans, devint ainsi chef de famille. Son oncle
Jean-François s’était éteint, ‘jeune-homme’, en 1704.
À la mort de son épouse, Henri avait engagé une petite servante picarde,
Marie-Claire Delemotte, qui fut probablement celle qui apporta un rudiment de
langue française dans cette famille dont le flamand est resté la langue d’usage
jusqu’au 19e siècle. Toutefois, comme elle était analphabète, elle ne put
transmettre qu’une langue purement orale, en sorte que les écrits en français
de ses descendants sont un charabia innommable. Il arriva un jour qu’elle se
trouva enceinte par la grâce d’on ne sait qui. Sans doute pas du fait de
Jacques, car celui-ci se contenta de garder la prégnante à son service. Il ne
l’épousa qu’après que l’enfant fut morte. Étouffée ? On doit pourtant, en
passant, se demander comment Jacques et Hélène, tous deux largement mineurs,
avaient été mis sous tutelle.
Ce
que devint Marie-Claire Hélène est difficile à
démêler. Elle a vécu un
moment en compagnie de sa belle-sœur Marie-Claire, ce qui devait
donner lieu à
des quiproquos. Puis nous ne la suivons plus mais il est possible
qu’elle ait
donné naissance à un enfant illégitime, qui fut
baptisé du nom de Jean-Paul
Morel(t). L’aurait-t-elle mis au monde à Paris, comme il
l’a prétendu, ou
plutôt à Lille ? Tout ce que nous savons, c’est
qu’une famille de peintres du
nom de Morel habitait non loin des van Blarenberghe et les
fréquentait.
Quoiqu’il en soit, l’enfant aurait été
confié en nourrice à Marie-Claire
Delmotte, qui l’aurait élevé avec les siens,
lesquels l’ont toujours considéré
comme un frère. Il est possible que ce fils de personne ait
ajouté fièrement le
nom de sa mère au sien pour s’appeler, plus tard,
Jean-Paul Moret de
Blaramberg. Nous verrons que les papiers officiels qu’il portait
quand il vint
habiter la Suisse étaient au nom de Paul Morel, nom qu’il
porta et que porta
son épouse, mais la métamorphose prit corps petit
à petit et se fixa en
Allemagne. Quant à sa présumée mère, M.C.
Hélène, elle préféra disparaître, car
la vie d’une mère célibataire était une
tragédie à cette époque. On ne la
retrouve que bien plus tard à Bruxelles, aux funérailles
de son mari Philippe
Lemeter, le 4 septembre 1752, dont le nom se transforma, à cette
époque, en
Lemaistre d’Anstaing, par achat du château.
En poussant un peu l’enquête et en se permettant des conjectures, on
découvre, d’une part, que Paul Morel, lorsqu’il se maria en Suisse, déclara
être le fils d’un Louis-Simon Moret, être originaire de Lille, mais être né à
Paris. Or, l’experte Annie Delatte a découvert un peintre parisien ayant vécu à
cette époque et portant ce nom de Louis-Simon Moret. Une source nouvelle à
transformer en puits ?
Jacques, le frère de Marie-Claire, tombé dedans quand il était petit,
devint un peintre doué d’un certain talent qui fit la réputation de la famille.
Ce n’est pas l’endroit d’énumérer ses œuvres. Il y a suffisamment de
pseudo-spécialistes pour se disputer les attributions. Peut-être un jour
mettra-t-on un peu d’ordre dans ce fatras.
Une contestation amusante surgit en raison du fait que les miniaturistes
n’étaient pas considérés comme peintres et n’appartenaient à aucune confrérie.
Le corps des peintres poursuivit en justice deux miniaturistes, dont Jacques,
pour les obliger à cotiser, sous prétexte qu’ils utilisaient aussi un pinceau.
Les peintres affirmaient que des « mignaturistes » avaient été membres de leur
confrérie dans le passé et avaient déposé des chefs d’œuvre. Ils en citèrent
quatre, dont son père Henri, qui figureraient dans leurs registres. On sait
qu’Henri ne remplit jamais les conditions de maîtrise. Il en était peut-être de
même pour les autres. Le juge renvoya l’affaire à une date ultérieure en priant
les demandeurs de prouver leurs assertions sur la foi de documents. Ils ne le
purent et la cause fut éteinte. Le curieux de la situation est que cela prouve
bien qu’Henri n’avait pas rempli les conditions pour obtenir la maîtrise qu’il
avait sollicitée, alors que son fils, le rebelle du moment, y accéda plus tard.
Un petit interlude est nécessaire ici pour éclairer la lanterne de ceux qui
n’ont jamais plongé le nez dans ces âges farouches ou qui ont oublié. Il ne
faut pas croire, comme je l’ai lu parfois, que Napoléon fut l’inventeur de la
régulation sociale parce qu’un code porte son nom. Il est évident que cette
petite brute avide de sang n’avait aucune connaissance en droit et qu’il a
confié, pendant qu’il allait tuer, le soin de rédiger ce code à de grands
esprits. Il existait, avant cette intervention, outre une application quelque
peu altérée du code romain, une réglementation très serrée, touchant tous les
individus et les organisations. Le système des corporations est un des plus
connus. Je rappelle que les corps de métiers réunissaient ceux qui pratiquaient
librement une profession, les autorisant, en particulier, à récolter des «
droits » parfois considérables. Pour accéder à la maîtrise, il fallait être
passé par l’apprentissage et avoir été reçu comme ‘compagnon’, ce qui valait
constat de capacité. Dans de nombreux métiers, artistiques ou techniques, il
fallait en outre offrir un ‘chef d’œuvre’ qui permettait de se parer du titre
de ‘Maître’, qui est resté de nos jours attaché à certaines professions
artistiques et aux avocats, par exemple.
La
vie familiale de notre peintre est surtout riche en épisodes
humains.
Après le décès de l’enfant illégitime
de Marie-Claire, il ne se contenta pas de
protéger la parturiente, il accepta de légitimer ce petit
cadavre par le
mariage. Il a montré là beaucoup de délicatesse,
comme il en montra peut-être
en adoptant son neveu, fruit des galipettes de sa sœur. Il eut
huit enfants
légitimes dignes d’intérêt pour la plupart.
Il faut redire ici qu’ils furent
pratiquement tous en bonne santé et qu’il n’y eut
plus de jumeaux dans la descendance.
Mais il y eut une curieuse répétition, au bout de ce
mariage, de ce qui s’était
passé au début. Son épouse étant
ménopausée et lui-même étant torturé
par le
démon de midi, à 47 ans, il s’éprit
d’une petite couturière lilloise,
Marie-Jeanne Bassecour, âgée de 22 ans. Ce qui devait
arriver arriva. La
grossesse se termina par la mise au monde d’un beau
bébé qui fut gratifié des
prénoms de Jacques-Louis, lors d’une
cérémonie de baptême dont seuls un frère
et une sœur de la parturiente furent témoins. Toutefois,
l’inscription au
baptême faisant foi, le patronyme fut légitimement
déclaré van Blarenberghe.
L’enfant fut escamoté par les grands parents maternels et
on n’en parla plus
pendant quarante ans.
Sous la pression de son père, Louis–Nicolas, qui avait 23 ans et une vie de
gloire en perspective, épousa le mois suivant l’imprudente Marie-Jeanne, en
ignorant ses frasques antérieures, on peut le croire, car il ne reconnut pas
l’enfant, comme l’avait fait son père en des circonstances analogues. Cet innocent,
quand il arriva à la fin de sa vie, apprit soudain l’existence de cet homme qui
était à la fois son frère et le frère de ses enfants. Il obtint une décision de
justice déclarant que l’enfant était légitimé par le mariage subséquent. Quelle
affaire ! Le père naturel et la mère étaient décédés et la famille Bassecour en
avait profité pour se placer au nombre des héritiers de Louis-Nicolas, qui
s’était bâti une belle position. Celui-ci fit contre mauvaise fortune, bon
cœur. Mais le traître périt avant lui. On ne peut pas exclure, il est vrai, que
ce soit tout au contraire Louis-Nicolas qui ait voulu hériter de Jacques-Louis,
mort sans descendance.
Louis-Nicolas suivit les traces de son père et devint un peintre plutôt
médiocre, à vrai dire, mais un miniaturiste d’une étonnante dextérité. Il
profita ainsi de la vogue des tabatières et bonbonnières qui étaient ornées de
jolies images, comme les boîtes à biscuits le furent de nos jours. Bien des
peintres s’adonnaient à ce genre d’industrie, mais Louis fut parmi les
meilleurs. Il y mettait son temps, très surchargé, car il avait l’obligation de
remplir son emploi de peintre des ports et des batailles pour le compte des
Ministères de la Marine ou de la Guerre. Pendant quelques années où il fut
engagé exclusivement à exécuter des tableaux pour orner le cabinet du Roi Louis
le seizième, on constate qu’il n’en livrait que deux par an. Il consacrait donc
un nombre respectable de mois à réaliser une œuvre, tandis que son fils prenait
en charge la clientèle privée.
Parlons
de ce fils, plus doué que le père et plus rapide au
travail. Il
était né en 1750 et fut baptisé
Jean-François-Henri-Joseph. Les deux derniers
prénoms sont ceux d’un premier fils, en qui Louis voyait
son successeur et qui
mourut à cinq ans. Cette mort avait été
très douloureusement ressentie par le
père. Il ne faut pas oublier l’époque que vivent
nos personnages, où la
naissance d’une fille était regardée comme un
coûteux malheur. Les dots à
verser pour les marier creusaient les budgets. On tâchait
d’en envoyer le plus
possible au couvent, où l’entrée coûtait
trois fois moins cher ; ou bien, si
l’on était trop dépourvu, on laissait un peu vaguer
les filles, dans l’espoir
qu’elles ‘tombent’ enceintes et que ce soit à
l’homme qu’incombe la réparation.
Pour les petites paysannes, la solution souvent choisie était de
les envoyer en
service chez des bourgeois, avec l’espoir, rarement
déçu, que leur patron leur
fasse un enfant, ce qui rapportait une forte indemnité et un
revenu non
négligeable à la demoiselle qui pouvait, pendant quelques
années, pratiquer le
métier très rémunérateur de nourrice,
à une époque où on n’avait pas
inventé le
lait en poudre. Par contre, la naissance d’un fils était
considérée comme une
bénédiction.
Louis–Nicolas eut aussi un frère tardif, un de ces accidents de la
ménopause, Henri-Désiré, né en 1734, dont il fut le parrain. Il faut nous
arrêter un instant à ce frère. Que fut-il ? On aurait tendance à répondre :
rien ! Il semble n’avoir été qu’un clochard alcoolique, rejeté par sa famille
et habitant un quartier pauvre de Paris. Pour certains, il aurait pu être un de
ces peintres ou dessinateurs tels qu’on les voit encore de nos jours sur les
quais de la Seine ou à la place du Tertre. Mais il n’existe aucune preuve qu’il
ait jamais tenu un pinceau en main, en dépit des tentatives, de la part de
commentateurs et surtout de marchands, de lui attribuer des œuvres anonymes et
douteuses. On peut comprendre ce travers, quand on pense à la grande renommée
passée de ce pauvre homme. Une gloire usurpée dont il fut crédité par erreur.
Cela mérite d’être conté, car l’histoire est jolie.
J’avais eu l’étonnement, dans les recherches sur ma famille orientale, de
constater que, dans ces régions lointaines, Henri-Désiré était considéré comme
un des plus grands miniaturistes de tous les temps. On parlait de ses travaux
pour l’impératrice Catherine II de Russie, etc. Je n’ai eu que plus tard
l’explication de cette méprise.
Ce fut un nouveau curieux remuant qui corrigea cette monumentale erreur. En
1906, L.Quarré-Reybourbon, avec l’aide d’un archiviste, Georgea Tassez,
rétablit correctement la généalogie de la famille de peintres, allant jusqu’à
dénoncer la fraude sur l’âge de Henri-Joseph. Mais il faut constater que
certains s’obstinent dans l’erreur un siècle plus tard.
Le 19ème siècle connut une rage de l’encyclopédie. Tous les rentiers ayant
un peu de culture se mirent à rédiger des dictionnaires plus ou moins ciblés
sur l’histoire, la géographie, la biographie, l’art ou les sciences naturelles.
C’était la course à qui sortirait ses volumes [2 à 12] le premier. J’ai
quelques-unes de ces encyclopédies, j’en ai consulté d’autres et on peut
aujourd’hui en trouver qui sont numérisées sur le web. On constate que, dans
l’ardeur d’arriver au bout de ce lourd travail, la copie fut de rigueur. Il
faut bien puiser la science quelque part, que voulez-vous. Plus d’un de ces
ouvrages s’arrête à une lettre, car ce travail, réparti sur des années,
réclamait une durée que l’auteur n’a pas toujours tenue. Parmi ceux-ci, il y
eut Auguste Jal, qui rédigea, sur un ton que lui envieraient bien des
journalistes, son Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, publié en
1872. Ce Jal avait rêvé de naviguer et s’était engagé dans la Marine, mais il
en fut expulsé pour propos séditieux. Son remords de ne pas être devenu marin
le poussa à écrire sur la navigation, avec un certain bonheur, et cela lui
valut d’entrer au ministère de la Marine où, montant en grade, il devint
conservateur des archives. C’est là qu’il tomba sur le nom oublié de van
Blarenberghe et lança des recherches le concernant. Le malheur voulut que ce
patronyme fût toujours cité sans prénom et que notre Auguste commit l’énorme
bévue de confondre Louis-Nicolas avec Désiré, dont il avait trouvé des données
privées, comme son mariage ou sa mort lamentables. Louis-Nicolas, homme sans
histoire, menant une vie effacée, besogneuse, le nez dans ses pots de couleurs,
n’avait laissé aucune trace voyante. Et voilà comment Désiré fut promu, par
erreur, au rang de grand miniaturiste du 18ème siècle. En fait, avec son ami
Joux, rapin inconnu, il fut un pilier de cabaret et, quand son camarade mourut,
il épousa sa veuve et lui fit un fils qui ne vécut pas longtemps dans cette
atmosphère. Ce pauvre Désiré a tout raté, même sa mort dans un hôpital pour
miséreux.
Louis-Nicolas, dit ‘Le Grand ‘ par ses descendants, n’a vraiment pas brillé
par ses vues de batailles, que personne ne voudrait pendre dans son salon, ni
par ses quelques vues de ports militaires, qui furent maintes fois recopiées
dans son atelier et qui n’ont qu’une valeur anecdotique. Sa peinture de genre,
ses mignardises relèvent de l’imagerie et rappellent l’origine de l’art
familial qui se complaisait dans l’ornement de carrosses et de mobilier. Ce
n’est pas du grand art. Qu’est l’art après tout ? C’est l’ouvrage de l’homme,
d’un autre animal ou de la nature qui provoque en nous une émotion. Et quand il
s’agit d’un peintre ou d’un musicien, on attend que son œuvre nous traduise sa
personnalité, pour autant qu’il en ait une.
L'art se situe dans l'intervalle, mince comme la peau, qui sépare la vérité
du mensonge.Sugimori Nobumori
Or, l’art de Louis-Nicolas cherche avant tout à coller à la vérité le plus
étroitement possible, jusqu’au détail le plus ténu. Et on peut même dire que
dans son besoin de serrer le naturel, il va trop loin, il en rajoute. Les
chevaux se cabrent sans arrêt, les ciels se voilent exagérément, les
personnages prennent des attitudes théâtrales. Tout cela tente de nous parler,
mais est logorrhéique. On sent qu’un certain nombre d’attitudes ou que la
reproduction de la nature ont été longuement préparés par esquisses, puis
arrêtés une fois pour toutes et reproduits à foison. Cela fait souvent penser à
de la décalcomanie. Quant aux miniatures sur boîtes, elles sont trop souvent
des natures mortes, des photographies de châteaux ou de jardins publics. Que
reste-t-il à admirer ? La minutie, le tour de force, la prouesse. Cela me donne
envie de copier ici ce que j’avais écrit après avoir contemplé une quarantaine
d’œuvres conservées au Louvre :
‡…Je voudrais, au décours de cette histoire de peintres, sortir de mon rôle
et donner un avis d’humeur sur ces derniers. Ils sont entrés dans la carrière
quand leurs aînés n’y étaient plus. Je veux parler de cette explosion picturale
révolutionnaire de la Renaissance. La comparaison leur est très défavorable. La
pauvreté de l’inspiration, le manque total de souffle apparaissent crûment,
même si on peut reprocher à un Rubens ou à un Michel-Ange un excès de souffle
qui fait parfois sauter le couvercle. Car on trouve plus à boire et à manger
dans la grandiloquence que dans la minutie.
Nos peintres ne sont en réalité que des illustrateurs de mignardises, bien
incapables de créer en nous le choc émotionnel qui est le but même de l’art.
Vous me direz qu’un Brueghel est aussi un illustrateur de son temps, mais il
nous a montré des êtres vivants et avec humour, alors que pour les van
Blarenberghe, tout le monde il est beau, tout le monde il est marquis.
Qu’éveille en nous l’œuvre de ces peintres? De la curiosité ! Mais la
curiosité est-elle une émotion ? Je serais tenté de dire que, dans ce qu’elle a
de méticuleux, elle est à l’opposé d’une émotion. Je veux parler de ce
sentiment indicible que l’on ressent devant Vermeer, Brahms ou Baudelaire et
qui ne tient à rien de déterminé. Chercher la béatitude, à la loupe, devant un
van Blarenberghe me paraît une plaisanterie.
Peut-être est-ce sévère, mais je ressens plus d’émotion à déguster un
savarin qu’à contempler un van Blarenberghe.
Et je ne parle pas des incroyables erreurs d’ombre, de perspective ou de
proportions Cela n’a qu’une importance secondaire et tout le monde n’est pas
Rembrandt…‡
J’ajouterai que le travail « à la demande », qui fut toujours celui de L.N.
van Blarenberghe, caractérise l’artisanat. L’artiste, lui, traduit sa
personnalité dans son inspiration personnelle. Mais L.N. fut un fonctionnaire
et, à ce titre, il ne fut jamais reconnu comme peintre.
Louis-Nicolas a eu 7 enfants, si l’on décompte le premier qui n’était pas
de lui et le dernier qui tua sa mère en décembre 1751. Ce fut l’accoucheur qui
le baptisa dans le ventre de sa mère. Louis, qui était un homme très sensible,
s’en voulut de ne pas avoir été présent aux derniers moments d’une femme qu’il
avait appris à aimer. Il n’avait que 35 ans, mais ne se remaria point et quitta
Lille avec toute sa petite famille, à l’exception des plus petits, confiés à sa
mère. Il abandonnait ainsi la pratique fructueuse que lui avait léguée son
père. Toutefois il avait consacré beaucoup de temps à suivre les batailles de
Louis XV dans la région du Nord et aux Pays-Bas et à en faire des reportages en
images. La bataille de Fontenoy l’avait particulièrement marqué et son atelier
en peignit les réminiscences tout au long de sa vie. Quant au Roi, ses
conquêtes tournèrent en eau de boudin et la France en sortit ruinée.
Entre-temps le héros de notre histoire avait réussi à se faire connaître
dans le milieu militaire. Ce sont ces nouveaux protecteurs qui le poussèrent à
se rendre à Paris, avec la promesse d’user de leurs relations pour épauler sa
carrière. Il déménagea en 1752 et se lança immédiatement dans l’industrie des
boîtes précieuses, qu’il ornait de gouaches sur vélin. Il devint rapidement un
acrobate du pinceau et créa des pendentifs ou des bagues grouillant de
personnages que l’on ne distinguait qu’au moyen d’une forte loupe. Ces objets
d’emploi courant ont évidemment disparu en grand nombre. Ceux qui restent sont
parfois des réussites remarquables.
Il nous faut maintenant en arriver au fils de Louis,
Jean-François-Henri-Joseph. Né en 1750, il était encore un nourrisson quand son
père s’installa à Paris. Mais on peut compter qu’il fut un attentif apprenti
dès son plus jeune âge. Son instruction et son éducation furent tout à fait
négligées, comme il était de tradition dans cette famille, où le quotient
intellectuel était en dessous de la moyenne et la culture nulle. Je voudrais
ici faire une remarque. J’ai fréquenté bien des artistes, peintres ou comédiens
particulièrement, et j’en ai vu beaucoup interviewés à la télévision. J’ai cru
pouvoir déduire de ces contacts que l’élan vers l’art va de pair avec une
certaine paresse intellectuelle. Léonard de Vinci nous a prouvé qu’il n’en
était pas toujours ainsi. Mais il fait figure d’exception.
Je voudrais vous offrir ici une petite gâterie. Je vous transcris
littéralement une lettre spontanée du ‘Grand’ Louis Nicolas, bien en cour et
fréquentant le gratin :‡… Monsieur, Je vous ay fait atandre bien lontans après
votre miniature : mais je ne vous cache poin que je lavais obliee par a sare
elle se trouve sous ma mains, je vous Endemande pardon du lontans : vous deve
lavoir reçus ou cela ne dois poins tarde. Je vous lenvois sous le contresing du
Ministre pour quel vous arive plus surremem. Jay fait ce que j'ay crus
necesair. Je ne croi poins vous voir encor cette étée à lille ; je croi que
vous a le voir ce mois Bien du changement dans votre garnisons : je ne se point
si les troupe sons bien contans ; suive vous toujours la peinture. Les peintres
son tille contans cons leur a oté leurs metrise j'y (illisible) tous le Monde
poin contans su tous les six cors : je croy pour Moi que tous cela et un bien ;
des respe a Madame ; jay l'honneur d'aitre. Monsieur, votre très humble et très
obeisant serviteur.Paris, ce 2 avril 1776…‡
Louis-Nicolas, petit personnage parmi les grands, fut en tout cas habile à
placer ses enfants. Deux de ses filles entrèrent dans le Saint des Saints de la
royauté en devenant berceuses des enfants royaux. Mais en ce qui concerne JFHJ,
il y avait une difficulté à surmonter pour le faire entrer au palais à son âge.
Louis-Nicolas, quand Madame de Guéméné, avec le contreseing de Louis XVI, lui
offrit la fonction en subsistance de maître de dessin des enfants royaux,
c’est-à dire des sœurs du roi, déclina cet honneur en raison de l’importance de
ses charges ministérielles et de ses déplacements fréquents. Il proposa son
fils en qui il avait toute confiance, mais il fut dans l’obligation de le
vieillir par un subterfuge qui nous apparaît vraiment dangereux. Il fit
endosser à Jean-François l’identité de son regretté premier fils, ce qui le
vieillit officiellement de 9 ans. Le nouvel Henri-Joseph entra si bien dans la
peau de son personnage qu’il maintint cette usurpation jusqu’à son lit de mort.
Il donna surtout ses leçons à Madame Élisabeth, qui s’avéra douée. Il
séduisit la lectrice de son élève et épousa Charlotte Damesme en grande pompe.
Elle avait 21 ans et lui, en réalité, 34, mais s’en octroyant 43. Vous voyez
que, quand on y regarde de près, à tous les niveaux on triche et on trompe.
Henri-Joseph, plus doué que son père, fut un peu étouffé par le chef de
famille qui était le porte-drapeau de la gloire des van Blarenberghe. Il mit
plus de vie naturelle et moins de grimaces dans ses œuvres, tout en adoptant
une structure moins conventionnelle. Les arbres au tronc nu de hauteur exagérée
disparaissent, les chevaux ne se cabrent plus, les personnages ont des gestes
moins théâtraux, tout en ayant de la personnalité ; les ciels prennent des
teintes possibles. On peut voir ce progrès dès les esquisses crayonnées
attribuées à ce peintre. En fait, Louis-Nicolas ne fut qu’un amuseur, alors que
son fils est un artiste qui a une personnalité à traduire. C’est à ces subtiles
nuances que l’on peut distinguer l’œuvre de ces peintres. Mais l’un et l’autre
se laissèrent aller à la mièvrerie appréciée à l’époque. Il fallait bien
satisfaire le client…
Quand Henri-Joseph se permit de signer un tableau ‘van Blarenberghe le
fils’, on peut se demander si c’est par humilité ou par défi.
Si l’on veut faire un bilan de la production de ce couple de peintres, on
peut considérer que la ‘boîte de Choiseul’ est un des trésors de l’humanité. Le
reste ne vaut pas tripette.
Je voudrais dire en passant ma déception en ce qui concerne le premier
livre de Madame Maillet, si documenté. Je ne parlerai pas des nombreuses
erreurs historiques dont la responsabilité incombe à ses conseillers, mais il est
regrettable que l’impression des illustrations soit d’aussi mauvaise qualité.
Cette étude méritait un meilleur éditeur.
Revenons à la dynastie. J’ai dit plus haut que deux des filles de Louis-N.
avaient eu l’honneur de travailler pour la couronne et de bercer ces malheureux
enfants de Louis XVI. Je ne sais pas si les années consacrées à changer des
langes au moindre pipi ou caca de leurs augustes protégés les a dégoûtées
d’avoir des enfants. Toujours est-il qu’elles restèrent célibataires. Quand les
enfants royaux ont eu fini de pisser dans leur froc, elles quittèrent le
métier, probablement parce que leur intellect n’était pas préparé à d’autres
tâches. La cadette, Marie-Elisabeth [1747-1826] disparut dans la nature avec
ses économies et, plus tard, sa part d’héritage. Les choses ne furent pas aussi
simples pour Catherine [1744-1823], qui se retira dans un patelin campagnard où
elle devint gardienne dans un pensionnat de jeunes demoiselles. Survint la
Révolution, vous savez bien : ce qui fut, avec Auschwitz, une des pires
abominations de l’histoire de l’humanité. Le gouvernement français trouva bon
d’organiser des fêtes grandioses pour marquer le 200ième anniversaire de cette
horreur qui n’aboutit qu’à créer une dictature qui ensanglanta toute l’Europe.
Je vous promets qu’un jour on fêtera Treblinka, quand l’Islam aura terminé sa
conquête de l’Occident en tirant avec des utérus plutôt qu’avec des canons.
Mais revenons à notre sujet. Les créateurs de la République Une et
Indivisible cherchèrent noise à la pauvre Catherine, pour avoir été une
employée du tyran et une amie des curés. On la fourra en prison pour toute une
année et on lui rafla ses économies cachées dans un tiroir. Sa cousine germaine
avait épousé un fileur de lin ou de chanvre, riche industriel, qui se dévoua
pour prétendre que l’oseille lui appartenait et qu’il l’avait fourguée chez sa
cousine pour la mettre à l’abri. En vain. C’est tout juste si on ne l’a pas
poursuivi pour avoir voulu mettre ses sous à l’abri des honnêtes
révolutionnaires. Au bout d’un an, il y eut procès et c’est une pétition des
habitants de son village qui permit à Catherine de sortir du cachot, non sans
qu’elle ait, dans une palinodie vomitive rédigée par son avocat, assuré le
tribunal de ses sentiments révolutionnaires, de sa haine du tyran et de sa
passion pour la République Une et Indivisible. Finalement, elle récupéra son
trésor, qui fut restitué à son cousin.
Continuons le fil des générations. Ce brave Louis-Nicolas, que la trouille
avait poussé à se réfugier à Fontainebleau après avoir brûlé les papiers de
famille de peur d’être reconnu comme aristo et de pendre à une lanterne, mourut
de sa belle mort le 1ermai 1794. Henri-Joseph continua leur œuvre avec un
certain talent, mais se réfugia à Lille, terre des ancêtres. Il y fut bien
accueilli et on lui confia le soin d’y garnir le Musée avec les oeuvres d’art
que les massacreurs révolutionnaires et impériaux avaient volées par charrettes
entières, particulièrement en Belgique et en Italie. Il se fit un honneur de ne
rien restituer. Le temps des bonbonnières étant révolu, les tâches
administratives étant absorbantes, la production artistique de ce peintre fut
très réduite pendant cette longue période postrévolutionnaire. Il donna des
leçons de dessin.
Je crois aussi que l’élan artistique était brisé après la perte de son
tuteur et que sa mentalité fut celle d’une fin de règne des van Blarenberghe.
Il eut deux filles et on sait le peu de cas que l’on en faisait à son époque.
Le nom tombait ainsi en quenouille. Il habilla Diane-Hélène [1786-1853] en
garçon et lui enseigna la peinture. Elle montra un vrai don, mais fut plus
préoccupée de futilités que d’une carrière. Elle donna des leçons particulières
de dessin.
Tandis que Napoléon traînait les pieds près de Moscou, elle tomba amoureuse
d’un habitant d’Amsterdam et l’épousa avec une certaine gêne, le 29/11/1812. Il
s’appelait Alexandre-Charles Torchon [1777-1853]. C’était un expert financier
qui ne tarda pas à devenir directeur des contributions à Lille. Grâce à son beau-père,
il obtint la concession des dépôts de tabac. Mais il vivait un peu en prince
consort et se faisait appeler du nom de sa femme, qui, mariée à 26 ans, tard
pour l’époque, avait eu le temps de se faire une place dans la société
lilloise. D’autre part, ses enfants se faisaient probablement abreuver de
quolibets. Il prit ombrage de cette situation et, par quelques actions
judiciaires bien menées, il obtint de garder son nom d’emprunt et de le
transmettre à ses enfants. Et voilà un joli coup qui remet en selle le nom des
van Blarenberghe. Il devait finir tragiquement.
Ce couple eut deux enfants. Alexandrine-Charlotte épousa un médecin
militaire, professeur à l’université, Joseph-Auguste Fabre. Vous en verrez une
photo amusante, certainement impromptue, car vous remarquerez qu’il tient sa
casquette de la main gauche, alors que la droite lui sert à maintenir son gilet
dont le bouton a sauté quand il s’est assis. Les Fabre n’eurent que deux
filles. On voit ici l’évolution des esprits et le désir des femmes de ne plus
être des reproductrices à la chaine.
Le deuxième enfant fut un garçon. Henri-François [1819-1906] fit de
brillantes études d’ingénieur des ponts et chaussées et devint directeur des
chemins de fer de l’Est, officier de la légion d’honneur, etc. Cet excellent
homme fut, à l’occasion de la construction d’une voie ferrée en Russie, en
relation avec sa famille lointaine, dont un général célèbre et un ministre de
la justice, grand-père de l’auteur de ces lignes, qui espère avoir le temps et
le courage de vous conter cela un jour. Henri épousa une veuve Amélie Brunet,
qui n’avait pas son éducation, et qui lui donna un fils, également prénommé
Henri. Voilà les personnages du drame.
Henri-François
avait précieusement serré dans une armoire, dont il
était
seul à posséder la clé, une collection
d’œuvres de ses ancêtres. Il en était à
ce point avare qu’il refusait de les prêter aux
expositions, de crainte que
l’une d’elles ne fût endommagée.
C’était obsessionnel. Il mourut très
âgé, non
sans avoir, quelques années plus tôt, fait un don
notarié de son trésor à sa
femme et à son fils célibataire, avec recommandation de
léguer ces objets au
musée du Louvre. Que se passa-t-il après sa mort ?
Amélie a-t-elle vendu
certains objets ? Toujours est-il qu’Henri junior a fui la maison
et a erré
pendant des mois en montrant les signes d’un profond
désarroi. Comme son père,
il était ingénieur et avait une magnifique situation.
Après ces mois
d’égarement, Henri rentra chez lui, poignarda sa
mère, puis se suicida avec des
armes diverses, car il se rata plusieurs fois. Ce drame fut
raconté par Proust,
le romancier divagant, dans un article paru dans la presse.
‡…En m'éveillant je me disposais à répondre à Henri van Blarenberghe. Mais
avant de le faire, je voulus jeter un regard sur le Figaro,…et je commençais
avec calme la lecture d'un fait divers que son titre : « Un drame de la folie »
pouvait rendre particulièrement propre à la vive stimulation des énergies
matinales, quand tout d'un coup je vis que la victime, c'était Mme van
Blarenberghe, que l'assassin, qui s'était ensuite tué, c'était son fils Henri
van Blarenberghe, dont j'avais encore la lettre près de moi, pour y répondre :
« Il faut espérer toujours... Je ne sais ce que me réserve 1907, mais
souhaitons qu'il nous apporte un apaisement », etc. Il faut espérer toujours !
Je ne sais ce que me réserve 1907 ! La vie n'avait pas été longue à lui
répondre.
« En arrivant au palier qui interrompt la course de l'escalier entre le
premier et le second étages, dit le Matin, ils (les domestiques que dans ce
récit, peut-être d'ailleurs inexact, on n'aperçoit jamais qu'en fuite et
redescendant les escaliers quatre à quatre) virent Mme van Blarenberghe, le
visage révulsé par l'épouvante, descendre deux ou trois marches en criant :
«Henri ! Henri ! qu'as-tu fait ! » Puis la malheureuse, couverte de sang, leva
les bras en l'air et s'abattit la face en avant... Les domestiques épouvantés
redescendirent pour chercher du secours. Peu après, quatre agents qu'on est
allé chercher, forcèrent les portes verrouillées de la chambre du meurtrier. En
dehors des blessures qu'il s'était faites avec son poignard, il avait tout le
côté gauche du visage labouré par un coup de feu. L'œil pendait sur l'oreiller.
»
Malgré ses horribles blessures, Henri van Blarenberghe ne meurt pas tout de
suite. Et je ne peux m'empêcher de trouver bien cruel (quoique peut-être utile,
est-on si certain de ce que fut en réalité le drame?) le geste du commissaire
de police. « Le malheureux n'est pas mort. Le commissaire le prit par les
épaules et lui parla : « M'entendez-vous ? Répondez ». Le meurtrier ouvrit
l'œil intact, cligna un instant et retomba dans le coma. » A ce cruel
commissaire j'ai envie de redire les mots dont Kent, dans la scène du Roi Lear,
arrête Edgar qui voulait réveiller Lear déjà évanoui : « Non ! Ne troublez pas
son âme ! Oh ! Laissez-la partir ! C'est le haïr que vouloir sur la roue de
cette rude vie l'étendre plus longtemps. »
Le fin mot de l’histoire a été trouvé dans le compte-rendu objectif paru
dans le « Figaro ». Ce malheureux tueur était en traitement psychiatrique pour
des accès répétés de folie maniaque, dont il était affecté depuis l’enfance. La
mort de son père a été un facteur déclenchant.
Voilà donc la fin des van Blarenberghe, une tragédie antique qui a tué un
nom au delà des protagonistes.
Mais je puis encore vous parler de la deuxième fille de Henri-Joseph,
Alexandrine-Eugénie. L’histoire ici reste désolante, mais moins tragique. Elle
était musicienne, jouant de divers instruments et vivant de ses leçons de
musique, comme sa sœur vivait de ses leçons de dessin. Née en 1790, elle avait
trente ans quand elle s’est mariée. Elle s’était éprise d’un charmant poète,
Carlos Dathis.
L’histoire de ce nom est amusante. Attiches est un hameau situé au sud de
Lille et qui n’a certes rien d’une principauté. Venant de là, un enfant trouvé
fut baptisé sous le nom ‘Dattiche’, ce qui était coutumier pour ces petits
abandonnés, si nombreux à l’époque. Un de ses descendants, un charpentier
prénommé Charles, quand il eut pris un peu d’âge, trouva ce patronyme un rien gênant
et se maria, exactement le 16 avril 1653, sous le nom ‘d’Athis’, à la grande
satisfaction de sa promise, Antoinette Decoster. C'était le nom usurpé d'une
ancienne grande famille ayant participé aux croisades, aussi les descendants
montrèrent-ils moins de prétention et plus de prudence en orthographiant leur
nom Dathis. La Révolution ne les engagea pas à changer d’attitude. Mais dans
notre monde nageant dans le jacobinisme et le gauchisme, il est bon de se
distinguer par une particule. Aussi, quand, au milieu du 20e siècle, un membre
de la famille se découvrit un ancêtre d’Athis, il n’eut rien de plus pressé que
d’ester en justice pour se faire attribuer ce joli nom, qui fait penser au
chevalier blanc des romans roses. Il s’ensuivit des procès en cascade par
d’autres descendants. Quelle jolie histoire ! Cela me rappelle “ Bel Ami” de
Maupassant, qui décida de s'appeler du Roy et me donne à penser à ma
propriétaire, qui est une pure flamande dont le nom est Dedecker, ce qui
signifie Lecouvreur et qui utilise un papier à en-tête au nom « de Decker ».
La vie de Carlos fut très malheureuse. Atteint de tuberculose, il mit tous
ses biens à la disposition de sa famille, puis tenta plusieurs cures vaines.
Passionné de poésie, il aima aussi la natation, ce qui lui a permis de
participer au sauvetage d’un enfant qui se noyait. C’est une figure pitoyable
et sympathique. Cinq ans plus tard, il mourut de sa maladie. Il laissa deux
enfants. Henriette naquit en 1820 et épousa, à 23 ans, Jules César Alexandre
Decroix. Derrière cette série de prénoms un peu ridicule se cachait un homme de
bien et de grand mérite qui fonda une banque et la lança si bien qu’elle tint
près d’un siècle avant de se faire avaler par un plus gros poisson. Cette
longue lutte est fort bien racontée par son descendant Philippe Decroix, dont
on peut regretter que le don d’écrivain et la qualité de la langue n’aient pas
servi une œuvre moins confidentielle.
Carlos et Eugénie eurent également un fils, Henri, qui mourut tragiquement
en se suicidant à la suite d’une débâcle financière. On raconte qu’il se tira
deux balles de pistolet dans le ventre. Il me semble que même l’idiot du
village ne commettrait pas un geste aussi absurde, qui lui valut une longue et
douloureuse agonie. J’en conclus que l’on a dû camoufler un meurtre… Je vais
trop loin ? En tout cas, on peut dire que l’histoire connue de cette famille
manque de sourires… » demander autorisation à http://www.decroixvaucottes.com
Jan van
BLARENBERGHE |
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&1600 Suzanne
LIEBAERT |
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Jooris van
BLARENBERGHE 1615-1670 |
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& Mary COOLEN
1609-1685 |
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Hindrick van
BLARENBERGHE 1646-1712 |
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&1690 Jacqueline van
der KAMPT †1710 |
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Jacobus-Guilelmus
van BLARENBERGHE 1691-1742 |
||
&1713 Marie Claire
DELEMOTTE †1763 |
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Louis-Nicolas
van BLARENBERGHE 1716-1794 |
|
Henri-Désiré
van BLARENBERGHE 1734-1812 |
&1739 Marie-Jeanne
BASSECOUR |
|
|
Le fondateur
était
Jooris van
Blarenberghe (1612-1670)
L'influence de la peinture flamande est très marquée chez les deux premiers peintres de la dynastie,
Dont : Hendrick
van Blarenberghe (1646-1712)
Jacques-Wilhelm van Blarenberghe(v. 1679-1742) ,
natif de Leyde et fixé à Lille,
était déjà peintre de batailles.
Dont : Jacques-Guillaume van Blarenberghe
(23 janvier 1691-30 avril 1742, inhumé le 1° mai 1742 à Lille-Saint André),
peintre de bataille
se fait
encore sentir chez
Vue du
château de Veretz (qui appartient aux Lenglart-Prouvost)
"Il peint
notamment des miniatures et des panoramas. La majorité de ses œuvres sont à la
gouache, mais il utilise également la pierre noire, l'aquarelle, ou la peinture
à l'huile.
Spécialiste
des scènes de batailles, en tant que peintre militaire, il peint des situations
de batailles pour l'armée de terre ou des ports militaires tel celui de Brest
pour la marine, avant la révolution française.
Durant la révolution française il peint la prise de la Bastille, ainsi que le bal de
Il dessine
et peint plusieurs scènes de la vie de son époque, à la façon
flamande, avec de grands paysages ou de nombreux personnages
s'affairent lors d'une fête ou sur leur lieu de travail. Spécialiste des
peintures miniatures, il excelle dans les détails des personnages sur ses
peintures. Activité dans les ports, scène de kermesse, patinage
sur glaçe, vie au château de Versailles,
scène d'arrestation de filles publique ou bien encore vie dans les maisons,
restent des témoins importants de la vie de cette époque.
Il peint
également des châteaux, comme celui de Chanteloup,
et la pagode de son jardin.
Henri-Désiré van Blarenberghe (Lille 1734 – Paris
1812), frère de Louis-Nicolas, fut également son élève et adopta lui aussi sa
manière.
Diane-Hélène
van Blarenberghe(20 février 1786-4 septembre 1853),
dernière
peintre de la dynastie, adopte quant à elle un style parfaitement français.
Son parrain
était Louis XVIII et Elisabeth de Bourbon, sa marraine était Diane, Comtesse de
Polignac (1742-1817)
La soeur de Diane était Eugénie van Blarenberghe (1790-1864)
Hindrick van BLARENBERGHE 1646-1712 Jacqueline van der KAMPT †1710 | - 1690 - |
| Jacobus-Guilelmus
van BLARENBERGHE 1691-1742 Marie Claire
DELEMOTTE †1763 | - 1713 - |
| Louis-Nicolas
van BLARENBERGHE 1716-1794 Marie-Jeanne
BASSECOUR | - 1739 - |
| Henri-Joseph van
BLARENBERGHE 1741-1826 Charlotte-Rosalie
DAMESME †1837 | - 1781 - |
| Eugénie-Alexandrine
van BLARENBERGHE 1790-1864
Epouse de Charles Dathis (1795-1826), Licencié en droit, négociant, poète, frère d’Henriette Dathis qui épousa Prosper Derode, grands parents de Louise Virnot-Derode
http://www.virnot-de-lamissart.com/Berthelin-de-Neuville-Damesme-de-Maisonneuve
Marie Michel Damesme de Maisonneuve, écuyer , contrôleur ordinaire de la
maison de feüe Madame la Dauphine (1770). [Note 1]
Marié avec Marguerite Henriette Berthelin de
Neuville, née vers 1745, décédée en 1784 (à l’âge de
peut-être 39 ans), première femme de chambre du Dauphin Louis 1er fils de Louis
XVI... dont
4 janvier 1735: "Transport par les comédiens italiens assemblés en
l'hôtel de Bourgogne, rue Française, à Marie-Anne Hubert, veuve d'Edmé
Berthelin, marchand chandelier, bourgeois de Paris, de 7 500 livres sur les 15
000 livres que la troupe reçoit comme pension annuelle, pour payer le loyer de
l'Hôtel de Bourgogne aux administrateurs de l'hôpital des Enfants-trouvés."
Nn Damesme de Maisonneuve. [Note 1]
Marié avec Ne N [Note 1-1] ... dont
*
Marie Michel Damesme de
Maisonneuve, écuyer , contrôleur ordinaire de la maison de
feüe Madame la
Dauphine (1770). [Note 2] Marié avec Marguerite Henriette
Berthelin de Neuville,
née vers 1745, décédée en 1784 (à
l’âge de peut-être 39 ans), première femme de
chambre du Dauphin Louis 1er fils de Louis XVI [Note 2-1] ... dont
o
Charlotte-Rosalie
Damesme, née vers 1764, décédée en 1826
(à l’âge de peut-être 62 ans), femme de
chambre puis lectrice de Madame Elisabeth de France, soeur de Louis
XVI. [Note
3]
Mariée le 26 avril 1784
avec Henri Joseph van Blarenberghe, né le 24 novembre 1750, Lille, décédé le
1er décembre 1826, Lille (à l’âge de 76 ans), miniaturiste, Maître de Dessin
des Enfants de France, Fondateur et Conservateur du Musée de Lille [Note 3-1]
... dont
+ Hélène van
Blarenberghe, née le 20 février 1786, Versailles (Yvelines), décédée le 4
septembre 1853, Paris (à l’âge de 67 ans). [Note 4]
Mariée le 29
novembre 1812, Lille (Nord), avec Alexandre van Blarenberghe, né le 13 mai
1777, Paris, décédé en 1853 (à l’âge de 76 ans), contrôleur ambulant dans les
droits réunis, entreposeur des tabacs et poudres [Note 4-1].
+ Eugénie van Blarenberghe, née en
1790, décédée en 1864 (à l’âge de 74 ans). [Note 5]
Mariée avec Charles
Dathis, né le 18 décembre 1795, Ascq (Nord), décédé le 1er avril 1826, Ascq
(Nord) (à l’âge de 30 ans), licencié en droit, négociant, poète [Note 5-1].
o Edouard François Damesme,
né le 13 octobre 1766, Versailles (Yvelines), décédé en 1831 (à l’âge de 65
ans), commissaire des guerres (An III), sous-intendant militaire (1817). [Note
6]
Marié avec Ne N [Note
6-1].
Marié avec Charlotte
Loyson, née en 1775, décédée le 14 avril 1807, Fontainebleau (Seine-et-Marne)
(à l’âge de 32 ans) [Note 6-2] ... dont
+ Amélie Damesme, née
le 13 janvier 1801, Colmar (Haut-Rhin), décédée le 30 juillet 1832, Schiltighem
(Bas-Rhin) (à l’âge de 31 ans). [Note 7]
Mariée le 16
février 1824, Strasbourg (Bas-Rhin), avec Joseph Picquet, né le 14 janvier
1793, Haguenau (Bas-Rhin) [Note 7-1].
+ Eugénie Damesme,
née le 3 floréal an X (23 avril 1802), Colmar (Haut-Rhin), décédée le 28 juin
1856, Paris (à l’âge de 54 ans), négociante à Strasbourg. [Note 8]
Mariée le 16
février 1824, Strasbourg, Bas-Rhin, avec Auguste Delefils, né en 1804, décédé
en 1887, Porrentruy, Suisse (à l’âge de 83 ans) [Note 8-1].
Mariée le 11
février 1834, Strasbourg (Bas-Rhin), avec Joseph Picquet, né le 14 janvier
1793, Haguenau (Bas-Rhin) [Note 8-2].
+ Charlotte Damesme,
née le 27 floréal an XI (17 mai 1803), Colmar (Haut-Rhin), décédée le 11
septembre 1887, Lille (Nord) (à l’âge de 84 ans). [Note 9]
Mariée le 7
novembre 1825, Lille (Nord), avec Joseph Etienne Mathon, né le 16 février 1783,
Lille (Nord), décédé le 1er août 1861, Lille (Nord) (à l’âge de 78 ans),
négociant en vins de Bordeaux [Note 9-1].
+ Edouard Damesme, né
le 23 janvier 1807, Fontainebleau (Seine-et-Marne), décédé le 29 juillet 1848,
Paris, inhumé, cimetière de Vaugirard, Paris 15e (à l’âge de 41 ans), général
de brigade, commandant de la Garde Nationale de Paris (9/6/1848). [Note 10]
Marié le 2
septembre 1844 avec Aline du Bois de Jancigny, née le 19 juin 1821, Paris,
décédée le 23 janvier 1887 (à l’âge de 65 ans) [Note 10-1].
o Adolphe François Damesme,
né vers 1769, Versailles (Yvelines), décédé en 1859, Paris (à l’âge de
peut-être 90 ans), professeur d'administration militaire à l'École Spéciale
préparatoire militaire de Fontainebleau (Seine-et-Marne) en 1807. [Note 11]
o Jean Edme Damesme de
Maisonneuve, né le 23 novembre 1770, Versailles (Yvelines), baptisé le 23
novembre 1770, paroisse Saint-Louis, Versailles (Yvelines), décédé. [Note 12]
* Anne Frédéric Damesme,
commissaire ordinaire des guerres, employé à Haguenau en 1784. [Note 13]
Pierre Berthelin, marchand chandelier,
illuminateur de la ville de Paris et des Menus plaisirs du roi, caissier de
l'Opéra, pourvoyeur de feüe sa majesté la reine et de Madame la Dauphine
(1770), bourgeois de Paris. Portrait : par Carle van Loo en 1743.
Sources : personne: R.de Tessières (état-civil) 22 iv 2008, mariage: B.de Crevoisier (D.
Berthelin - fonds Andriveau) 22 xi 2020, famille: R.de Tessières (état-civil)
22 iv 2008, B.de Crevoisier (Denis
Berthelin) 29 iii 2017, B.de Crevoisier (D.
Berthelin - fonds Andriveau) 22 xi 2020
Marié le 5 juillet 1734,
Paris, avec Marguerite Henriette Foucquet,
décédée le 4 mars 1791,
Paris (filleul: Jean Edme Damesme de Maisonneuve
1770-) Note : Portrait : par Carle Van Loo en 1743.
Sources : personne: R.de Tessières (état-civil) 22 iv 2008, B.de Crevoisier (Denis
Berthelin) 25 iv 2017, mariage: B.de Crevoisier (D.
Berthelin - fonds Andriveau) 22 xi 2020, famille: R.de Tessières (état-civil)
22 iv 2008, B.de Crevoisier (Denis
Berthelin) 29 iii 2017, B.de Crevoisier (D.
Berthelin - fonds Andriveau) 22 xi 2020, décès: B.de Crevoisier (Denis
Berthelin) 25 iv 2017
... dont
Pierre Berthelin, marchand chandelier,
illuminateur de la ville de Paris et des Menus plaisirs du roi, caissier de
l'Opéra, pourvoyeur de feüe sa majesté la reine et de Madame la Dauphine
(1770), bourgeois de Paris. Portrait : par Carle van Loo en 1743.
Sources : personne: R.de Tessières (état-civil) 22 iv 2008, mariage: B.de Crevoisier (D.
Berthelin - fonds Andriveau) 22 xi 2020, famille: R.de Tessières (état-civil)
22 iv 2008, B.de Crevoisier (Denis
Berthelin) 29 iii 2017, B.de Crevoisier (D.
Berthelin - fonds Andriveau) 22 xi 2020
Marié le 5 juillet 1734,
Paris, avec Marguerite Henriette Foucquet,
décédée le 4 mars 1791,
Paris (filleul: Jean Edme Damesme de Maisonneuve
1770-) Note : Portrait : par Carle Van Loo en 1743.
Sources : personne: R.de Tessières (état-civil) 22 iv 2008, B.de Crevoisier (Denis
Berthelin) 25 iv 2017, mariage: B.de Crevoisier (D.
Berthelin - fonds Andriveau) 22 xi 2020, famille: R.de Tessières (état-civil)
22 iv 2008, B.de Crevoisier (Denis
Berthelin) 29 iii 2017, B.de Crevoisier (D. Berthelin
- fonds Andriveau) 22 xi 2020, décès: B.de Crevoisier (Denis
Berthelin) 25 iv 2017
... dont
Mariée en 1760 avec François Jacquillat des Préaux,
décédé en 1783, Versailles (Yvelines), officier de la Reine Sources :
personne: F-L. Jacquier (P. Soleil - GeneaNet "soleil15") 10-05-2005,
C.Maubois (inventaire
département Louvre) 29 ix 2010, famille: F-L. Jacquier (P. Soleil - GeneaNet
"soleil15") 10-05-2005 ...
dont Aglaé Jacquillat des Préaux.
Sources : personne: F-L. Jacquier ( P. Soleil : Geneanet : base
"soleil15" ) 10.05.2005, mariage: BdeRauglaudre, généanet LB1977,
4xii2015, famille: F-L. Jacquier (P. Soleil - GeneaNet "soleil15")
10-05-2005
Mariée le 28 floréal an III
(17 mai 1795), Tonnerre (Yonne), avec Robert François Coquelin,
né le 23 septembre 1763,
Saint-Nicolas-des-Champs, Paris 3e, décédé le 6 avril 1838,
Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) (à l’âge de 74 ans), avocat en parlement et
commandant de bataillon (1790) ... fils de Claude Robert Coquelin
1730-1773 et Marie Geneviève Lemoine
†1780 Sources : personne, famille: F-L. Jacquier (P. Soleil -
GeneaNet "soleil15") 10-05-2005, naissance, mariage, décès:
BdeRauglaudre, généanet LB1977, 4xii2015 ... dont
Marguerite Henriette Berthelin de
Neuville, née vers 1745, décédée en 1784 (à l’âge de
peut-être 39 ans), première femme de chambre du Dauphin Louis 1er fils de Louis
XVI. Sources : personne: N. Javary (M. Maillet), famille: N. Javary (M.
Maillet), Isa Cabre(Nicolas Javary) Mariée
avec Marie Michel Damesme de Maisonneuve,
écuyer , contrôleur
ordinaire de la maison de feüe Madame la Dauphine (1770)
... fils de Nn Damesme de Maisonneuve
et Ne N Sources :
personne: R.de Tessières (état-civil) 22 iv 2008, famille: N. Javary (M.
Maillet), Isa Cabre(Nicolas Javary)
Portrait par Carle Van Loo en 1743, avec sa soeur Catherine Félicité
... dont
Mariée le 29 novembre 1812,
Lille (Nord), avec Alexandre van Blarenberghe,
né le 13 mai 1777,
Paris, décédé en 1853 (à l’âge de 76 ans), contrôleur ambulant dans les
droits réunis, entreposeur des tabacs et poudres
... fils de François Torchon †/1812
et Magdeleine Marguerite Caron
Note : Alexandre Charles François Torchon est autorisé par ordonnance du
25 février 1824, à substituer à son nom celui de "van
Blarenberghe". PRactMadoux ("dictionnaire des changements de
nom") 30 v 2010
Sources : personne, famille: PRactMadoux (Monique Maillet-Chassagne:
"les Blarenberghe"; 2001) 8 ix 2008, naissance, mariage: J-N.Pommier (archives du
Nord, Lille, M1812, acte 423) 12 x 2017
Note : Décès : Déclarants : - Adolphe François Damesme,
37 ans, professeur d'administration militaire à l'École Spéciale préparatoire
militaire de Fontainebleau (Seine-et-Marne), beau-frère de la défunte, -
François Varinot, 32 ans, économe de l'École Spéciale préparatoire militaire de
Fontainebleau (Seine-et-Marne), qui ont signé l'acte. Source
: Hervé Balestrieri ( A.D. 77, Seine-et-Marne :
Fontainebleau, NMD 1805-1807 - Cote 5MI3939 - vue n° 297 ) 06.10.2016
Sources : personne, famille: Benoit de Crevoisier, naissance: Hervé
Balestrieri ( A.D. 77, Seine-et-Marne :
Fontainebleau, NMD 1805-1807 - Cote 5MI3939 - vue n° 297 : acte de décès )
06.10.2016, décès: lieu & , date j+m : Hervé Balestrieri ( Yves Hamet :
Forum d'après revue "Héraldique et Généalogie", 10e année N° 1,
Janvier - Février 1978, D. 296 : Damesme & acte de décès ) 06.10.2016
... dont
Charles et
Eugénie eurent Marie qui épousa le 3 août 1843 Jules Decroix, né le 7 avril
1818 à Lille décédé le 3 juillet 1889 (à l'âge de 71 ans), banquier, fondateur
de
Dont le père
. Louis François Joseph Decroix né le 03/01/1780 et meurt le 09/05/1862, en
1805, Julie Beaussier, née en 1785, second fille de son cousin germain
Beaussier-Mathon; son père était un gros négociant et fut député à la chambre
Introuvable en 1816 (Ultras, Chambre introuvable; du 14-22 août 1815 au 5
septembre 1816.Élection de 1815 : Reconduits dans cette
« Chambre introuvable », les Ultras poursuivent leur œuvre
(réinstaller la monarchie absolue, répression, règlements de comptes). Louis
XVIII doit lui-même dissoudre cette chambre excessive qui
l'effraie le 5 septembre 1816 pour couper à la reprise de
Dont descend
la journaliste Faustine Farragi-Bollaert
Charles
Dathis était le frère d’Henriette Dathis qui épousa Prosper Derode,
grands parents de Louise Virnot-Derode
Parmi leurs
7 enfants, Prosper fut négociant, président du Tribunal de commerce de Lille
épousa
Céline Cuvelier, cousine germaine de la marquise de Ségur, belle fille de la
célèbre Comtesse-écrivain.
Henri Raymond
"Eugène", Comte de Ségur 1798-1863/1869 |
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Sophie
ROSTOPCHINE, Comtesse de Ségur 1799-1874 |
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Henri Albert
Joseph CUVELIER 1800-1861 |
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Julie Louise
BERNARD 1808-1882 |
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Anatole de
SÉGUR, Marquis 1823-1902 |
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Cécile
CUVELIER 1830-1885 |
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Pierre-Marie, Comte de Ségur 1853-1916 |
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L'hotel Virnot, rue de Gand à Lille, fut celui des Cuvelier dont la fille épousa le marquis de Ségur:
Pauline
Derode (1847-1896) épousa le baron Jules Meunier, petit fils du peintre Jacques
Louis David, notaire et maire de Lille
Le baron
Meunier, père, par Jacques Louis David
Lucien Jules
Derode est né le 02.11.1850 à Lille. Il est négociant en denrées coloniales,
banquier et Président de
Au XVIII° et
XIX° siècle, les familles Virnot et Lenglart entretenaient des relations
constantes avec les artistes : voici une liste d’invités à un opéra donné
en l’hôtel Virnot, place Saint Martin à Lille : on y voit les Van
Blarenberghe.
Sur le plan
artistique, Charles Lenglart entretient des relations avec Jacques-Louis David, Piat-Joseph Sauvage, Noel Lemire, Jan Garemijn, Louis- Nicolas van Blarenberghe ; il est lui-même peintre amateur et
se montre attentif a la vie de l’école de dessin au sein de laquelle il remplit
le rôle de commissaire a partir de 1782.
La collection
Lenglart comportait, outre des œuvres de peintres nationaux et européens, des
œuvres d'artistes régionaux que Charles Lenglart encouragea toute sa vie. Parmi
ces derniers, on remarque les noms de Louis-Nicolas Van Blarenberghe, François
Eisen, Depelchin et Jean-Baptiste Dusillion qui ne sont cependant représentés
que par une ou deux œuvres chacun. Le cas des Watteau de Lille est tout a fait
différent puisqu' a la fin du XIXe siècle, un état estimatifs de la collection
après un premier partage ne mentionne pas moins de vingt tableaux et environ
cent-cinquante dessins de Louis Watteau ainsi que quatre peintures et une
cinquantaine de croquis de François. L'autre moitié de cet ensemble unique
comprenait a peu près les mêmes quantités d'œuvres des Watteau de Lille.
L'essentiel de la collection a cependant été disperse lors de trois ventes qui
eurent lieu en 1879, 1902 et 1909. En dehors des inventaires prives qui res
tent difficiles d'accès, le catalogue de 1'exposition Watteau organisée a Lille
en 1889 par Paul Marmottan donne un bon aperçu de ce que contenait la
collection Lenglart encore a cette date.
Né en 1740,
Charles Lenglart, beau frère de Catherine et Seigneur de Lannoy et de
Plancques, Chevalier du Lys par le roi Louis XVIII le 26 juillet 1814, Trésorier
de la ville de Lille, Echevin, négociant, futur conseiller municipal,
président du canton de 1813 à 1816, député de la ville de Lille au sacre
de Napoléon, conservateur du musée de Lille. est a la fois le petit-fils
d'un avocat au Parlement de Flandre, Grand Juge de
La
collection Lenglart fut largement transmise jusqu'à nos jours à leurs
descendants, mais firent aussi l'objet de trois importantes ventes aux enchères
dont voici l'une d'elle ; parmi les œuvres, celles de Van
Blarenberghe : une miniature atteint un prix record de la vente.