Les deux frères (1):

 

1) : Urbain-Dominique VIRNOT (1734-1794)

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fils de Dominique Virnot, Syndic de la Chambre de Commerce en 1748; la Chambre de Commerce avait été créée par ordre du Conseil du 31 Juillet 1714; la juridiction Consulaire par décret du mois de février suivant 

et de Marie-Marguerite-Joseph COUSIN.

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Il naquit a Lille, paroisse St-Etienne, le 15 Janvier 1734,

Consul et Négociant changeur, Bourgeois par relief du 17 Décembre 1764,

il épousa a la même paroisse le 4 Juin 1764 Catherine-Joseph-Charlotte LENGLART (1745-1818), fille de Nicolas Hubert-Joseph et de Alexandrine-Gabrielle-Albérique Carpentier , baptisée Paroisse Saint Etienne le 5 Avril 1745.

                                                               catherine-virnot                                                               

M. et Mme Virnot-Lenglart habitaient rue de Gand (place Saint-Martin), un hôtel où la jeune génération donna de charmantes représentations avant les sombres jours de la Révolution et de l'Invasion ; Dans l'hôtel de la rue de Gand, une vaste salle avait longtemps servi déjà de théâtre de Société. Louis Lenglart brossait les décors; la jeune et élégante Catherine Virnot de Lamissart, épouse de Dominique Virnot était une prima Donna délicieuse et on se rappela longtemps une représentation de la Flute enchantée, particulièrement brillante.

Le II Frimaire an II (Dimanche 27 Octobre 1793) alors que le pays était encore occupe par les armées coalisées, Urbain-Dominique, sur les instances de Pierre-Augustin Serrurier son fermier, se rendait a Bouvines afin d'apprécier les dégâts causes dans sa propriété de la Court pendant les cinq mois que les troupes ennemies de la République avaient occupe le territoire de cette commune; entre Ascq, Sainghin et Lezennes, il se trouva tout-a- . coup cerne par deux groupes de cavaliers et hussards autrichiens et fut emmené a Tournai ainsi que sa femme et deux de ses enfants qui l'accompagnaient.

Au bout de deux jours Catherine-Charlotte Lenglart et son fils Louis furent remis en liberté, mais sur les instances du General Comte Kinsky  et du Capitaine Obern qui se plaignaient de n'avoir pu obtenir des Lillois l'élargissement de deux échevins de Templeuve-en-Dossemetz, le Prince de Cobourg  et le Duc d'York , les jugeant de bonne prise, décidèrent de retenir M. Virnot et sa fille Julie comme otages. François-Joseph, Comte Kinsky, ne en 1739, prit part a. la guerre de sept ans, a la campagne de 1788 contre les Turcs, et a celle de 1793-96 contre la France; il devint Grand-Maitre de l'Artillerie des Armées impériales et mourut en 1805. Vainqueur de Dumouriez a Nervinde, le feld-maréchal de Cobourg fut a. son tour vaincu a Tourcoing par Moreau a Wattignies, et a Fleurus par Jourdan. Deuxième fils de Georges III ne a Windsor en 1763, Evêque d'Osnabrick commandant des troupes anglaises envoyées au secours des impériaux, Fréderic d'York, jusqu'a la paix de Valenciennes, agit en commun avec Ie Prince de Cobourg.

Madame Virnot-Lenglart fit rédiger un procès-verbal de la capture de son mari, obtint du Directoire du département du Nord l'attestation qu'il n'était compris dans aucune liste des émigrés ou présumés tels, et que ses biens n'avaient pas été mis sous séquestre (Douai 4 Nivôse, an II); elle sollicita du Tribunal l'autorisation de pouvoir en son absence signer valablement des lettres de change  et vendre telle ou telle partie de biens de ville ou de campagne pour remplir les obligations auxquelles elle avait été fixée dans l'emprunt force; mais, pour obtenir l'échange des otages, les démarches multipliées  auprès du General La Valette et des représentants du peuple a la Convention restèrent vaines. La fortune d'Urbain-Dominique Virnot était considérable, mais au moment de sa capture il avait a faire face a des traites de 48.000 florins et de 90.000 marks a. Hambourg et Catherine-Charlotte Lenglart redoutait qu'elles ne fussent pas payées par ses correspondants. « Vous feriez bien, (sic) lui écrivait-on de Paris, le 7 ventôse 1794 si vous aviez encore chez vous quelques parties de potasse, de les offrir a. la Municipalité pour être employées a la confection du salpêtre, que l'on ne cesse actuellement de travailler pour la République (et qui serait certainement acceptée avec plaisir par nos frères ». Le prince-de Cobourg se refusa a rendre la liberté a la jeune fille qui s'était dévouée à son père, -mais comme l’étroite surveillance antérieure s'était relâchée, Julie Virnot en profita pour s'évader.

Transféré sous bonne garde a Cysoing, puis dans le fort de Condé, Urbain-Dominique Virnot y mourut le 3 Prairial an II (1° Juin 1794) après sept mois de captivité. Plus tard, il fut inhume a Lille St-André, par les soins de Charles Le Thierry.

 Un magnifique portrait exécuté en 1771 par Heinsius représente le couple de M. et de Mme Virnot-Lenglart dans leur jeunesse, Urbain-Dominique en habit de velours, s'ouvrant sur un jabot de dentelle et un gilet de soie brochée, la perruque poudrée, nouée d'un ruban noir, avec sur le coté des rouleaux pommades, les lèvres bien dessinées, le nez aquilin, le regard tourne vers sa femme derrière laquelle il est appuyé ; de Catherine-Charlotte Lenglart, bornons-nous a dire que l'arrangement exquis de sa coiffure et de sa toilette de taffetas rose, l' élégance suprême des nœuds retenant le fichu et les manches doublées de dentelles ne peuvent qu'exciter l'admiration la plus enthousiaste. Son portrait, a cheveux blancs, appartient a M. Urbain Virnot-Ovigneur

C'est Heinsius peut-être encore qui exécuta un portrait ovale d'Urbain Virnot, en habit rouge et gilet de soie brochée jaune, mais c'est a Iui certainement qu'on doit son pendant, celui de Catherine-Charlotte Lenglart ; ses traits en 1810 sont ceux d'une femme âgée déjà, mais pleine de vigueur et d'activité intellectuelle; le visage apparait souriant, les lèvres minces, le nez busque, les yeux. vifs et perçants. Sur une chevelure grisonnante un bonnet de dentelle blanche, décoré de plumes de Marabout gris-bleu; le corsage est de taffetas bleu-paon, décolleté en rond, et recouvert d'une fine barbe de dentelle.

Jean-Ernest Heinsius (1740-1810) Artiste d'origine hollandaise, mais bien français de style et de gout, Johann-Ernest Heinsius (1740-1810) travailla longtemps a Weimar et a Rudolstadt. Appelé en 1786 a exécuter le portrait de Madame Victoire, la cinquième des filles de Louis XV. Heinsius reçut le nom de peintre de Mesdames de France. En 1771, il avait exécuté Ie double portrait de Charles Lenglart, échevin, frère ainé de Catherine-Charlotte Lenglart, aux cotes de Marie-Anne Van Huffel, son épouse, fille d'Arnould, Sgr de Marselaer, d'Anvers. C'est encore un délicieux tableau de genre. Charles est en habit de velours rouge; la jeune femme, remarquable pour sa beauté, en déshabillé de satin jaune clair, assise devant son mari, un petit chien noir sur les genoux. (Exposition rétrospective à Bagatelle I9II). Ce portrait des grands-parents de Jules et de Auguste Lenglart appartenait a M. Desmeotte-Lenglart, fut racheté 18.000 francs par M. Dubar et se trouve au château de l'Assessoye a Lambersart. Il fut copié plusieurs fois, et un petit chapeau ajoute a l'original. Une copie appartenait a Madame Louis Lenglart, une-.autre par le peintre Colas, a M'j-dame Delesalle- Une version, celIe que vous voyez ici a été peinte avec virtuosité par le peintre Colas. Autour, six ravissants portraits au pastel des femmes de la famille ; entoures de cadres en bois finement sculptes et dores de l' époque de Louis XVI, ils étaient enchâssés dans les boiseries de la salle à manger; j'ai pu les recopier au pastel et nous pouvons donc leur attribuer les prénoms des femmes et filles qui constituaient la fa mille : Charles Le Thierry d'Ennequin nous guide pour en retracer la vie:

Après avoir procédé au partage de ses biens le 4 Mai 1810, Catherine-Charlotte Lenglart décéda le 30 juin r8r8, ayant eu neuf enfants :

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Alexandrine-Joseph VIRNOT,

baptisée paroisse Saint-Etienne le 14 Septembre 1765, épousa le 25 Octobre 1785 François-Joseph Barrois, baptisé le 23 Mars 1759, fils de Jean-Baptiste et de Marguerite Lucet, filateur de coton. Le texte de leur contrat de mariage est rapporte dans le Caducée et le Carquois.

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En 1790, François Barrois fit pour ses affaires un voyage en Italie au cours duquel il échangea avec son épouse, une délicieuse correspondance qui, publiée récemment, remit le couple en évidence. I1s habitaient originairement rue des Malades (de Paris) une maison avec grand' porte et quatre fenêtres a cote de leur petit magasin.

Ils s'installèrent ensuite dans un très grand hôtel, 45, rue de Tournai. Les salons, situes au premier étage donnaient sur une terrasse et un escalier qui descendait a un vaste pare. « François Barrois avait des idées plut6t Vo1tairiennes ».

Président de la Chambre et du Tribunal de Commerce, Conseiller Municipal en I807,adjoint en I8I8,puis Maire de Lille par ordonnance royale du 12 Août I830, Député du Nord en 1824 et en 1831, il fut l'un des principaux actionnaires-fondateurs du chemin de fer du Nord et des Mines de Lens (5). Son buste se trouvait jadis chez M. Theodore Barrois-Demesmay. Les archives Départementales conservent un plan de cette propriété, dresse en 1820 par François Barrois (Quarre-Reybourbon p. 79). Le Chemin de fer du Nord l'expropria pour y établir sa gare, les propriétaires furent indemnises par des titres qui les firent les plus gros actionnaires de la Compagnie après les Rothschild. Mais le chagrin qu’Alexandrine Virnot en ressentit ne fut pas sans hâter sa fin.  II jouissait en outre d'une très grosse fortune en terre du chef de sa femme. Mme DELESALLE-DUBUS. Etat des tableaux et objets d'art de sa propre  succession,

Henry-Louis DUBLY : Le Caducée et le Carquois. Lil1e, édition du Mercure de Flandre,

 

Pierre-Urbain VIRNOT

dit Pedro, conseiller municipal de Lille, banquier a Paris, membre de la chambre de commerce de Lille ; un revers de fortune mirent sa famille dans une délicate situation.

époux de Rosalie DE RAISMES (1791 -1820), fille de Jean Baptiste, lieutenant général it Aire, issue des veneurs héréditaires du Hainaut du Xl° siècle ;

Leur fille Rosalie Virnot qui épousa Henri Barrois recevait dans son hôtel du 84, rue de Tournai, tous les quinze jours, la nombreuse famille Barrois-Lethierry- Virnot.

 

Charles-Joseph, ne le 31 juillet 1769, de cédé le 7 Mai 1778 :

 

Catherine-Charlotte Virnot (1770-1851) appelée Mademoiselle de Stradin,

née à Lille, paroisse Saint Etienne, Ie 17 novembre 1770, épousera Ie 30 avril 1789, I’ écuyer Charles Marie Le Thierry, Seigneur d'Ennequin et de Riencourt (1766-1859), conseiller municipal en 1807, député it Paris pour représenter Lille au baptême du duc de Bordeaux, Croix de la légion d'honneur remise par M. de Villèle, membre de la chambre de commerce, président du conseil de fabrique de l'église Saint-Maurice puis de Saint André; une personnalité de grande classe.

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Marie-Julie, née le 9 Février 1772, décédée le 20 septembre suivant ;

 
Dominique-François VIRNOT,

baptisé à I’ église Saint Etienne le 3 octobre 1773, décédé à Lille, paroisse de La Madeleine, le 2 juillet 1833,
épouse le 20 prairial an VIII de Catherine-Sophie Virnot de Lamissart, baptisée en l'église Sainte Catherine Ie 15 janvier 1777, nièce d'Urbain Dominique, fille de Charles-Louis et Marie Alexandrine Lenglart
Il vivaient dans l'hôtel de la place Saint-Martin :« une vaste salle servait de théâtre de société et de bal ; Louis Lenglart, élève de Watteau de Lille y brossait des décors; la jeune et élégante Catherine Sophie de Lamissart y était une prima donna délicieuse et on se rappella longtemps une représentation de la «Flute enchantée»particulièrement brillante» LTE

Julie-Marie VIRNOT (1776-1823),

 baptisée le 18 juillet 1776; elle avait seize ans, lorsqu'elle fut emmenée en captivité à Condé avec son père, et gardée prisonnière après la mort de celui-ci ; elle devint aveugle a la fin de sa vie, et mourut a Paris, sans enfant, le 23 Février 1823. D'une humeur charmante, malgré tous les malheurs de sa courte existence, Julie Virnot laissa dans sa famille les plus aimables souvenirs. Son portrait par Heinsius, en 1810, fut légué par elle a sa nièce et filleule, Madame Adolphe Lethierry. II la représente le nez busqué, les yeux bleus largement ouverts, la chevelure châtain-dore se rassemble sous un large ruban noir brode de perles d' or ; le corsage de velours est décolleté et garni de zibeline, un croisement de tulle blanc, fixe par un losange d'or, voile en partie la poitrine.

Julie Virnot avait épousé Joseph-Marie DEFOSSEUX, fils de Joachim-joseph, ex-receveur du Chapitre de Saint-Pierre et d'Amélie-Pélagie Castelain, baptise a St-Pierre le 17 Mars 1767, Conseiller Municipal en 1807, Maire de La Madeleine, membre de la Société des Sciences, qui mourut a Paris, le 13 Juin 1825 (2).

Joseph Defosseux avait créé, a la Madeleine-lez-Lille, et décoré avec gout une maison de campagne qui devint la propriété de M. Scrive-Wallaert.

DE FOSSEUX : de gueules a trois jumelles d'argent.

Louise-Pélagie VIRNOT

née le 14 Mars 1779, décédée a Wazemmes, le 8 Thermidor, an II (26 Juillet 1794)

 

Louis-Joseph VIRNOT,

 Banquier à Paris, né le 10 Juillet 1781, décédé en 1829. Au partage de 1810, Louis Virnot fit avec Charles Lethierry l'échange de terres d'un hectare et demi a Wambrechies contre quatorze hectares de bois a Renescure, où il fit construire le château Virnot.

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 L'hôtel Virnot

 place Saint Martin à Lille comprenant les deux maisons; celle de droite fut reconstruite au XVIII° siècle.

La famille Virnot habitait dans les lieux depuis la première partie du XVII° siècle

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Voici La famille descendant d' Urbain Virnot et Marguerite Ovigneur réunis en L'hôtel de la rue de Gand à Lille Les 10 et 11 septembre 2005.

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Acte de naissance d'Urbain-Dominique Virnot

les textes sont pour la plupart issus de l'ouvrage de Charles Le Thierry d'Ennequin sur ces familles.

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